Salon de l’inondation et des solutions : mieux vaut prévenir que subir

Profitant de la journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes de l’ONU, fixée le 13 octobre, le Syndicat Mixte Canche Authie a organisé son premier “Salon de l’inondation et des solutions” à Hesdin, samedi dernier. « On est tous acteurs de notre sécurité. Les collectivités ont des responsabilités, mais les citoyens doivent aussi s’informer, apprendre à adopter les bons gestes. Face aux problèmes de ruissellement et d’inondations, les digues et les ouvrages sont une partie de la solution mais ne suffisent pas », martèle Grégoire Jacquesson. Responsable du pôle gestion des risques au Symcea, il s’efforce avec son équipe de faire prendre conscience au grand public que tout le monde est potentiellement menacé par les inondations, d’autant plus avec les changements climatiques à l’œuvre. D’ailleurs, le salon présentait une série de photographies des inondations qui ont touché ces dernières années les communes du secteur. Le territoire couvert par le Symcea englobe quelques deux cents communes et le nombre de celles touchées par les inondations ne cesse de croître, comme en témoigne les reconnaissances de catastrophes naturelles que publie régulièrement la préfecture

Des solutions basées sur la nature en repensant l’aménagement du territoire
Pourtant, si on ne peut empêcher la pluie de tomber, on peut s’y préparer pour limiter les dégâts. L’aménagement du territoire est un des enjeux majeurs : « Il existe des solutions fondées sur la nature. Par exemple, le maintien de zones humides permet de faire des zones tampon où l’eau peut se répandre. En restaurant une zone humide, on développe des capacités de stockage de l’eau, mais on améliore aussi le cadre de vie et la biodiversité. Ce type de solution répond à différents enjeux sociaux et environnementaux et permet de développer des projets innovants, en appréhendant différemment le sujet », insiste Grégoire Jacquesson. Cette démarche est d’ailleurs au cœur du projet européen “ResiRiver”, regroupant la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Irlande. Dans le Ternois, il est porté par Victoria Soubeiran, chargée de mission au CPIE d’Auxi-le-Château : « Nous devons revoir l’aménagement du territoire pour intégrer la nature et résoudre les problématiques environnementales. Il existe de nombreuses solutions basées sur la nature : restaurer les berges naturelles, s’appuyer sur des plantes qui dépolluent les eaux, favoriser l’infiltration pour recharger les nappes phréatiques… Il faut mettre tout le monde autour la table : les élus, les propriétaires, les agriculteurs, le grand public… Mais pour cela, il faut aussi bien comprendre les notions de base de l’écologie, pour que tout le monde parle le même langage. »

Victoria Soubeiran porte localement le projet européen ResiRiver visant à réduire les risques en s’appuyant sur la nature.

Mettre tout le monde autour de la table, c’est aussi l’objectif de “Dordonne Actions Inondations”, une association d’habitants de Brexent-Enocq, situé sur un affluent de la Canche, qui ont dû faire face à deux importants épisodes d’inondations en 2012 et 2021. Ils étaient présents à Hesdin pour expliquer les catastrophes auxquelles ils ont été confrontés, les solutions qu’ils s’efforcent de proposer et les obstacles auxquels ils doivent faire face, notamment la lenteur de l’administration. Désormais, comme dans tant d’autres communes déjà sinistrées par les eaux, chaque nouvel épisode de fortes pluies génère l’angoisse d’être de nouveau submergé. En attendant que des solutions globales soient mises en place, les habitants et leurs représentants peuvent se préparer à faire face aux inondations. « L’idée n’est pas de vivre dans la peur mais dans la conscience du risque, pour ne pas être frappé de sidération et savoir se préparer, savoir comment réagir et se mettre à l’abri, souligne Grégoire Jacquesson. Les programmes de préventions permettent d’avoir une connaissance des risques pour accompagner les collectivités. Déjà, il faut arrêter de construire dans les zones inondables connues ! » Néanmoins, pour ceux qui sont déjà installés dans les zones à risques, il faut trouver des parades. Ainsi, les batardeaux apparaissent comme une solution individuelle efficace pour empêcher l’eau de s’engouffrer dans les maisons : l’entreprise SPI – Sécurité Préventive Inondation – a misé sur un secteur malheureusement d’avenir. « La société existe depuis quinze ans et elle fonctionne bien. On vend des batardeaux sur mesure partout en France métropolitaine, mais aussi en outre-mer et à l’étranger. Les gens ont une meilleure conscience du risque, mais aussi de plus en plus d’obligations de protection, notamment dans les plans locaux d’urbanisme », expliquent les deux commerciaux.

Une exposition de photos a permis de prendre conscience des dégâts que causent les inondations sur le bassin de la Canche.

En revanche, l’augmentation des risques pourrait finir par mettre sur la paille les assureurs, qui doivent débourser toujours plus : par rapport aux trente années passées, la facture de l’assurance contre les aléas climatiques pourrait doubler dans les trente années à venir (Le Monde, 10 juillet 2023). Les compagnies ont donc tout intérêt à développer la prévention, notamment à destination des plus jeunes, qui seront les plus confrontés aux catastrophes. La MAIF a ainsi présenté au salon d’Hesdin un jeu de société sur la prévention des risques : incendies, avalanches, météorologiques, séismes, technologiques et évidemment inondations. Dans un registre similaire, le FabLab de TernoisCom a réalisé sur place des goodies avec des messages de prévention et des kits d’urgence. Et pour animer le salon, les pompiers ont effectué quelques démonstrations (celles de la Protection Civile ont dû être annulées, l’association étant alors mobilisées à Arras). Malgré ce programme chargé, les organisateurs n’ont pas été débordés par les visiteurs : « C’est compliqué de mobiliser les habitants, constate Grégoire Jacquesson. Ce salon était une première. On souhaite le reconduire, tout comme la journée de la météorologie et le projet pédagogique “Une goutte de trop”. On a fait un jeu de piste autour de la prévention des inondations qui a bien marché à Maresquel. On doit peut-être aller directement à la rencontre des habitants pour réussir à les sensibiliser, notamment les enfants. On a néanmoins réuni plusieurs partenaires et créé des relais qui vont se poursuivre. De toute façon, on n’arrivera à rien seul. On doit réussir à rassembler pour faire émerger des prises de conscience individuelles et collectives. »


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