Pas de miracle au conseil municipal de Saint-Pol-sur-Ternoise : le maire Benoît Demagny est toujours absent, comme nous l’avait annoncé son premier adjoint. Didier Hochart a donc présidé la séance et a sobrement commenté la situation, confirmant que Benoît Demagny était en arrêt maladie jusqu’à la fin du mois : « Sur la durée de son absence, je n’en saurai pas plus avant le 24 juillet. » Le premier adjoint a également répondu à des interrogations récurrentes sur la question des indemnités perçues par Benoît Demagny durant son absence : « Si le maire perçoit des indemnités journalières – et c’est apparemment le cas – on lui doit éventuellement le reliquat entre le montant de son indemnité de fonction et ce qu’il va percevoir de la Sécurité Sociale. S’il ne percevait pas d’indemnités journalières, on devrait maintenir son indemnité de fonction. Voilà quelle est la règle. Quand on aura communication du montant de ses indemnités journalières, on verra ce que ça donne et on régularisera éventuellement le trop-perçu. »
« Monsieur le Maire n’est pas un citoyen comme les autres : c’est le premier magistrat de la ville. Cette situation peut-elle perdurer ? »
Jean-Claude Girot, conseiller municipal du groupe minoritaire
Didier Hochart espérait pouvoir dérouler l’ordre du jour après ces informations lapidaires, mais le groupe minoritaire avait l’intention de s’exprimer devant l’assemblée, après avoir diffusé un communiqué aux journaux locaux (à lire ici). « Si vous voulez continuer à alimenter la presse locale, la population sur des arrières pensées, des rumeurs sur l’absence du maire, ce n’est pas le moment, ce n’est pas le lieu. À vous de juger si votre prise de parole rentre dans un cadre correct et non polémiquant », a averti le président de séance. Le groupe minoritaire avait décidé de rester « soft », mais pas silencieux. Jean-Claude Girot s’est chargé de porter la parole, en l’absence du leader Maurice Louf : « Il n’y a pas lieu de polémiquer. Nous souhaitions exprimer ce soir notre inquiétude mais aussi l’inquiétude et le questionnement de nombreux Saint-Polois. Nous ne sommes pas très rassurés de savoir que la mairie arrive en troisième position dans les priorités de Monsieur le Maire. Des Saint-Polois interpellent les membres du conseil municipal, du groupe majoritaire et du groupe minoritaire. Que faut-il leur répondre ? Le silence renforce les interrogations et les rumeurs. Nous pensons qu’il y a nécessité de transparence pour rassurer les citoyens de la ville. Nous sommes bien évidemment conscients de la nécessité du secret médical pour chaque citoyen et nous le défendons. Néanmoins, Monsieur le Maire n’est pas un citoyen comme les autres : c’est le premier magistrat de la ville. Cette situation peut-elle perdurer ? N’y a-t-il pas des décisions qui ne pourront pas être prises et qui auront des conséquences néfastes sur l’avenir de la ville ? »
« On est là dans des délais raisonnables d’absence. Je ne vous tiendrai peut être pas le même discours si j’étais amené à vous indiquer que Monsieur le Maire est à nouveau absent au mois de septembre ou octobre. »
Didier Hochart, premier adjoint et président de séance pour le maire empêché
En réponse, le premier adjoint s’est fendu d’un commentaire et d’une contre-attaque : « Je ferai quand même deux remarques. La première, c’est que je ne pense pas que dans la gestion des affaires courantes, ça change quoi que ce soit dans le quotidien des Saint-Polois. La deuxième remarque : j’ai en mémoire, et ce n’est pas si vieux, qu’en mars 2020, après le résultat des dernières élections municipales, le maire qui était alors en place, à savoir Maurice Louf, avait été maintenu dans ses fonctions jusqu’à l’élection du maire qui est intervenue au mois de mai. Pendant deux mois, la mairie a fonctionné sans maire, puisque Monsieur Louf a quitté les locaux de la mairie dès le lendemain des élections. On est là dans des délais raisonnables d’absence. Je ne vous tiendrai peut être pas le même discours si j’étais amené à vous indiquer que Monsieur le Maire est à nouveau absent au mois de septembre ou octobre. » Didier Hochart a d’ailleurs conclu la réunion en annonçant « le prochain conseil vers début octobre ». La question de l’absence de Benoît Demagny est également revenue lors du premier point de l’ordre du jour, avec la soumission du procès-verbal de la séance précédente, qui avait été marquée par une invective du maire à son prédécesseur : « Ce n’est pas la peine de remonter dans le Nord pour dire des conneries comme ça. » Or, aucune mention n’en est faite dans le procès-verbal, comme l’a souligné Claude Roussez : « On ne peut approuver ce compte rendu, il n’est pas sincère. Il n’y a aucune allusion aux propos choquants que Monsieur Demagny a tenu à l’encontre de Maurice Louf. On conçoit très bien que ce soit difficile pour vous de les mettre dans leur intégralité, néanmoins, ces mots ont été prononcés et beaucoup de Saint-Polois les ont entendus puisque c’était retransmis. Je veux bien admettre que peut-être la brutale perte de contrôle de Monsieur le Maire et la fébrilité dont il a témoigné étaient des signes avant coureurs de ce qu’il s’est passé après, mais ça n’empêche pas que nous ne pouvons pas approuver ce compte rendu. »
« Vous me dites que “Chrétiens en monde rural” n’est pas une association religieuse, alors c’est quoi ? »
Betty Soyez, conseillère municipale du groupe minoritaire
Un autre sujet a valu quelques échanges houleux entre les deux groupes, lors de l’examen des subventions. En effet, l’association “Chrétiens dans le monde rural” – CMR (NDR : à ne pas confondre avec l’acronyme de “Cancérogène, mutagène et reprotoxique”) est apparue dans la liste des associations subventionnées, ce qui a « chagriné » Betty Soyez : « On n’est pas dans un respect de la laïcité au niveau de la mairie et on peut donc financer des associations religieuses ? » Une remarque qui a fait bondir le conseiller de la majorité, Guillaume Yvart : « Ce n’est pas une association religieuse. Toutes les associations de la ville de Saint-Pol ont une subvention. C’est une association de la ville de Saint-Pol, elle a droit à une subvention comme les autres. » « Vous me dites que “Chrétiens en monde rural” n’est pas une association religieuse, alors c’est quoi ? Je suis juste en train de prôner le principe de laïcité qui nous incombe. Je voulais simplement savoir si la mairie pouvait financer ce genre d’association », persistait Betty Soyez. L’adjointe Sandra Chery l’a invitée à venir aux Polofolies de vendredi : en effet, l’association CMR tiendra la buvette, ce qui lui permettra de récolter des fonds supplémentaires pour ses actions. « Vous verrez ce qu’ils présentent comme types d’animations, dans le cadre des festivités. Ce n’est pas que chrétien. » Didier Hochart a d’ailleurs lu la litanie des thématiques exposées par l’association dans la convention signée avec la ville : « Ce sont des thèmes d’une laïcité sans reproche. Il ne faut pas s’en tenir à l’appellation. » La subvention a été votée, tout comme les autres, mais Betty Soyez est revenue à la charge en fin de conseil, après avoir effectué quelques vérifications : « Même si, effectivement, vous nous parlez d’intervention laïque, le fondement de CMR, c’est “apporter une contribution pour bâtir un avenir solidaire et être des laïques qui agissent au nom de l’Évangile dans la société”. Je pense que ça pose quand même problème et je tenais à le signaler. » Une nouvelle fois, Guillaume Yvart a défendu l’attribution de la subvention : « Il y a d’autres associations qui s’appellent par exemple “Secours Catholique”, ça ne vous a pas titillé mais c’est une association qui a aussi pignon sur rue et qui n’est pas religieuse. » « Le point méritait d’être soulevé, concluait le premier adjoint. On verra quelles sont les réalisations de cette association. On y reviendra éventuellement. Pour l’instant, il s’agit de 250 euros. Sur le principe, la question méritait d’être posée, je suis bien d’accord. » Ainsi soit-il !