Douze marathons pour rencontrer les citoyens engagés pour sauver la planète

Est-il trop tard pour sauver l’habitabilité de la planète face aux changements climatiques ? Pour Laura Turquet, il n’est jamais trop tard : la Dunkerquoise était considérée comme la moins sportive de sa famille lorsqu’elle s’est mise à la course à pied ; cinq ans plus tard, elle réussit l’exploit de courir un marathon par jour durant douze jours d’affilée. Au-delà du défi sportif, Laura Turquet a lancé “l’écoboucle du Nord-Pas-de-Calais” pour aller à la rencontre des initiatives locales visant à changer les consciences, les modes de vie et de consommation : « Il existe énormément d’associations et de citoyens qui sont engagés contre le changement climatique mais qui ne sont pas fédérées. Au travers de mes rencontres, je vois beaucoup de positivité, d’idées, de créativité. Toutes ces initiatives peuvent en inspirer d’autres. Je pense que tout va se faire grâce aux échanges et aux liens humains. » Partie de Dunkerque le 30 juillet, la multi-marathonienne est passée à Saint-Pol-sur-Ternoise le 2 août, après quarante-deux kilomètres courus depuis Montreuil-sur-Mer, accompagnée de Quentin Bourgeois, maraîcher bio à Saint-Omer, qui la suit en triporteur et d’Eric Cagnache qui réalise l’éco-boucle en autostop.

« Les chaleurs anormales de cet été ont servi notre combat. Les médias ont parlé du changement climatique, mais sans expliquer comment agir. »

Philippe Armand, citoyen

Dans les jardins de ATRE, le trio a retrouvé une dizaine d’acteurs engagés dans la bifurcation écologique du Ternois pour échanger sur leurs constats et leurs solutions face à l’urgence climatique : « Les chaleurs anormales de cet été ont servi notre combat. Les médias ont parlé du changement climatique, mais sans expliquer comment agir. Il est difficile de faire relier ces symptômes aux initiatives personnelles », regrettait Philippe Armand, approuvé par l’éco-furieux Michel Feutry : « Pendant qu’on en est à faire des petits gestes, on voit des clampins qui voyagent en jet privé ! » « Les jeunes prennent pour modèle les influenceurs et les vedettes de téléréalité », approuvait Quentin Bourgeois, descendu de son triporteur. « Ils ont des millions d’abonnés qui ont un impact sur les adolescents. Mes messages sur l’écologie sont mieux passés auprès de mes enfants quand des influenceurs se sont saisis du sujet », confirmait Virginie Catalan. Cofondatrice du groupuscule Deux p’tits pois dans le bocal, elle a conscience d’être une privilégiée et des sacrifices à opérer pour préserver la planète : « On part en vacances en train, c’est un choix, mais ça revient bien plus cher que si on prenait l’avion. On marche sur la tête ! » Durant une heure, les discussions allaient bon train, entre constats désespérants et solutions concrètes pour sortir du “triangle de l’inaction” où citoyens, institutions et entreprises se rejettent la responsabilité du changement climatique. En plus de son engagement personnel, Laura Turquet s’efforce de faire bouger les lignes dans son entreprise. Contrôleuse de gestion sur le site AstraZeneca de Dunkerque, elle essaie de changer le système de l’intérieur, par petites touches : « L’idéal serait que les entreprises donnent des heures de délégation, comme pour les syndicats, pour que des salariés puissent travailler spécifiquement sur les changements à mettre en œuvre. »

« Il semblerait que la véloroute ne sera pas réalisée sur la voie verte entre Frévent et Auxi-le-Château, mais utiliserait d’autres routes. »

Michel Feutry, cofondateur de l’association Les Voix vertes du Ternois

Les discussions se sont poursuivies sur la route qui a conduit le petit groupe jusqu’à l’entrée de la voie verte de Ramecourt : un lieu symbolique du combat local pour l’écologie. En effet, un projet de véloroute porté par le conseil départemental est à l’étude et les défenseurs de l’environnement craignent de voir disparaître un corridor biologique sous des tonnes de macadam. « Nous avons demandé à rencontrer les conseillers départementaux des deux cantons concernés par ce projet, mais aucun ne nous a répondu. Le président du conseil départemental nous a envoyé un courrier pour nous dire que notre association serait conviée à la concertation qui doit se tenir en septembre (NDR : elle devait originellement se faire avant l’été). Des réunions ont eu lieu avec les maires concernés. Il semblerait que la véloroute ne sera pas réalisée sur la voie verte entre Frévent et Auxi-le-Château, mais utiliserait d’autres routes. En revanche, pour la portion entre Ramecourt et Frévent, la voie verte serait toujours une option », rapporte Michel Feutry, un des fondateurs de l’association Les Voix vertes du Ternois. Par ailleurs, il déplore que le conseil départemental n’ait pas répondu à leur demande de fournir un inventaire de la biodiversité présente sur ce corridor biologique. Laura Turquet et ses compagnons de route ont constaté l’intérêt de conserver l’ancienne voie de chemin de fer en l’état et apprécié la fraîcheur des arbres après leur journée de course sous le soleil. Ils ont pu reprendre des forces chez Sarah Darras et Éric Chérigier qui leur ont offert le gîte et le couvert, puis Laura Turquet a rechaussé ses baskets pour son périple qui s’achèvera à Dunkerque le 10 août, après avoir avalé quelque cinq cents kilomètres, ramassé des centaines de déchets et surtout rencontré d’autres citoyens déterminés comme elle à s’engager pour que la planète reste habitable : une course contre la montre à laquelle tous les habitants de la planète n’ont d’autre choix que de participer.

Suivez l’écoboucle du Nord-Pas-de-Calais sur la page Facebook de l’association “J’agis à mon échelle”.


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