Le circuit de Croix-en-Ternois a reçu fin mars sa nouvelle homologation pour une durée de quatre ans, mais aussi un certain nombre de recommandations pour réduire les impacts négatifs sur l’environnement : « La commission nationale d’examen des circuits de vitesse nous a prévenus que dans quatre ans, elle serait plus exigeante. Sur la faune et la flore, nous n’avons pas de problème particulier, puisque nous ne sommes pas en zone protégée. En revanche, la commission nous a invités à travailler sur les nuisances sonores, en nous rapprochant des mairies ou d’associations locales. Nous devons absolument travailler dans la concertation : nous voulons diminuer le bruit pour nos voisins », assure Patrick d’Aubreby.
« Pour le bruit, ce sont surtout Gauchin-Verloingt et Ramecourt qui sont concernées, selon le sens de vent. À Croix-en-Ternois, c’est plutôt le flux des spectateurs lors des événements qui pose problème. »
Patrick d’Aubreby, propriétaire du circuit de Croix-en-Ternois
Propriétaire du seul circuit homologué pour les compétitions officielles au nord de Paris, il a pleinement conscience des nuisances générées par les sports mécaniques et a identifié deux sujets majeurs : « Pour le bruit, ce sont surtout Gauchin-Verloingt et Ramecourt qui sont concernées, selon le sens de vent. À Croix-en-Ternois, c’est plutôt le flux des spectateurs lors des événements qui pose problème. » Sur ces deux points, plusieurs pistes de travail sont lancées. Concernant les nuisances sonores, des mesures sont déjà réalisées : « Nous effectuons des contrôles en permanence sur le circuit. Les véhicules ne doivent pas dépasser les cent décibels pour pouvoir entrer sur la piste. Généralement, le problème est lié à l’échappement : c’est aussi aux constructeurs de faire des efforts pour réduire les émissions sonores à la source. Néanmoins, malgré les contrôles avant les départs, le problème existe toujours. Nous devons donc réfléchir à la propagation du bruit. » Si l’équipe du circuit est en veille sur les solutions techniques qui émergent, les réflexions privilégiées restent assez classiques : construire des buttes et planter des arbres. « Nous sommes en train de réaliser des études pour l’installation de merlons et nous pourrions planter des arbres sur leur sommet. On pourrait ainsi casser les ondes sonores au départ du circuit. Il serait aussi possible de réaliser des aménagements à proximité directe des habitations. Nous avons déjà discuté avec MM. Dequidt et Bridoux (NDR : respectivement maire de Ramecourt et président de TernoisCom) : la communauté de communes pourrait acheter un terrain près des habitations et y mettre des plantations pour filtrer le son. »
« Certains craignent que l’agrandissement entraîne plus de bruit, mais ce n’est pas sûr du tout. Au contraire même, puisqu’il y aura moins de changements de rapports. »
Patrick d’Aubreby, propriétaire du circuit de Croix-en-Ternois
Les aménagements au niveau du circuit ne seront effectués que dans le cadre de l’agrandissement du site et de la piste : le projet a été retardé à cause de la crise sanitaire, mais reste d’actualité. « L’idée consiste à déplacer la ligne droite pour que les deux virages soient moins serrés. Les épingles ne sont pas bonnes pour les freins et obligent les pilotes a beaucoup accélérer ensuite. Certains craignent que l’agrandissement entraîne plus de bruit, mais ce n’est pas sûr du tout. Au contraire même, puisqu’il y aura moins de changements de rapports. Avant de réaliser les travaux, on pourra installer des merlons de quatre ou cinq mètres de hauteur et boiser pour réduire le bruit. On travaille avec des sociétés spécialisées pour bien comprendre le problème, trouver des solutions concrètes, discuter des essences d’arbres les plus appropriées… Dans la mesure où on va agrandir, nous devons réfléchir dès maintenant à tout cela. Néanmoins, ça ne se fera pas avant quatre ans, le temps que nous revoyons notre projet pour qu’il soit acceptable, notamment par les municipalités. »
« On n’aura pas forcément plus de compétitions ni de spectateurs, mais on pourra élargir un passage situé le long de la route, pour gérer les entrées et les sorties des visiteurs. »
Patrick d’Aubreby, propriétaire du circuit de Croix-en-Ternois
L’allongement de la piste fait aussi craindre une augmentation du nombre de spectateurs et donc du trafic dans le village de Croix. Pour le propriétaire et le directeur du circuit, Patrick Duquesnoy, l’agrandissement pourrait au contraire être une opportunité : « On n’aura pas forcément plus de compétitions ni de spectateurs, mais on pourra élargir un passage situé le long de la route, pour gérer les entrées et les sorties des visiteurs. » Une autre solution a été envisagée : réaliser une sortie sur la route départementale débouchant sur un rond-point, pour éviter aux spectateurs de traverser le village. L’idée a été évoquée avec le département, mais aucun projet n’est pour l’instant sur la table. Avant d’engager quoi que ce soit, l’équipe du circuit de Croix doit d’abord identifier, mesurer et comprendre les problèmes. Des relevés sont prévus cet été, aussi bien sur les nuisances sonores que sur les flux de spectateurs dans le village lors des compétitions. « Nous devons rester ouverts au dialogue et pragmatiques, selon Patrick D’aubreby. Si on ne discute pas avec les maires, on ne trouvera pas de solutions. Ils ont un rôle essentiel dans la remontée des informations, tout comme les gendarmes. Il faut absolument qu’on travaille ensemble, dans la concertation. »