« Cent-une rues à Saint-Pol mais aucune n’honore une figure féminine » titrait le Gobelin du Ternois en mars dernier. L’article a dû être mis à jour car désormais, une rue porte le nom d’une femme, et quelle femme ! Danielle Vasseur, première maire de Saint-Pol, a inauguré la “rue Simone-Veil”, qui dessert la zone artisanale de Canteraine. Les riverains étaient invités à participer à la cérémonie, parmi lesquels les résidents du foyer de vie, l’Abeille de la Ternoise, La Poste ou encore Descamps Ingénierie, l’entreprise de Karine Descamps : l’ancienne adjointe est d’ailleurs à l’origine de cette nouvelle dénomination. « Je suis contente, mission accomplie ! En plus, avec le nom d’une femme », souriait-elle après avoir dévoilé la plaque.
Au-delà du symbole, une préoccupation pratique pour la distribution du courrier
En effet, au-delà de l’aspect symbolique de la place des femmes dans l’espace public, cette nouvelle dénomination répond aussi à un besoin pratique : « De grandes difficultés de distribution de courrier sont survenues, liées à la confusion avec la rue de Canteraine toute proche, où la population recevait des courriers ou des colis destinés aux occupants de la zone artisanale », a expliqué Danielle Vasseur, devant quelques employés de La Poste. Le problème a donc été signalé par l’adjointe Karine Descamps, bien au fait de la situation, et la municipalité a décidé de modifier le nom de la rue : « Le choix s’est porté sur le nom d’une femme car, jusqu’à présent, une seule rue de Saint-Pol avait le nom d’une femme : la petite rue de la Fontaine Marie-Évrard. » Certes, mais ce nom désigne plutôt une fontaine qu’une personnalité et qui sait qui était cette obscure Marie Évrard ? (NDLR : si vous en savez plus, dites-le nous !) Dans tous les cas, pas vraiment ce qu’on peut appeler une “role model” à laquelle les femmes peuvent s’identifier.
En revanche, avec Simone Veil, c’est une femme qui a marqué l’histoire qui est mise à l’honneur. La maire de Saint-Pol a retracé le parcours de cette figure du féminisme : son enfance à Nice ; sa déportation durant la Seconde Guerre Mondiale dans plusieurs camps de concentration ; son retour en France où elle devient magistrate, puis ministre de la Santé ; son combat épique pour la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse ; jusqu’à devenir la première femme élue au Parlement Européen. Une vie héroïque qui témoigne que les femmes aussi peuvent être des actrices de l’histoire et inspirer les filles d’aujourd’hui : un nom de rue est un infime hommage à son parcours, mais le début de la reconnaissance des femmes dans l’espace public de Saint-Pol.