Cent-une rues à Saint-Pol mais aucune n’honore une figure féminine

La capitale du Ternois compte cent-un toponymes attribués aux rues, boulevards, places, squares ou impasses. Combien sont inspirés de noms de femmes ? Zéro. En revanche, plus de quarante sont associés à des hommes célèbres ou des figures locales masculines. En regardant dans le détail, deux noms féminins pourraient être retenus : la “rue de la Fontaine Marie-Évrard”, qui fait plutôt référence à un lieu, sans qu’on sache vraiment qui était cette Marie ; et la “rue Irène et Frédéric Joliot-Curie”, où la fille de Marie et Pierre Curie est associée à son mari. Et c’est tout. Aucune femme n’a retenu l’attention des conseils municipaux successifs lorsqu’il a fallu nommer les rues de la ville.

Jean de la Fontaine, François Mitterrand, Louis Lebel, Lucien Pignion… jusqu’à Saint Paul

Les dernières créées dans la résidence Rosemont ont été baptisées avec des artistes : Pablo Picasso, Vincent Van Gogh, Auguste Renoir, Paul Gauguin… jusqu’à la toute dernière dénommée “rue Camille Corot” (Jean-Baptiste de son prénom). Mais pas de rue pour Élisabeth Vigée-Le Brun, Frida Khalo, Camille Claudel ou Rosa Bonheur (ne serait-ce pas merveilleux de pouvoir habiter “rue Bonheur” ?). Évidemment, nous n’avons pas encore eu de femme à la présidence de la République pour compléter les places Pompidou ou Mitterrand ; ni à la tête d’une armée victorieuse comme le Maréchal Leclerc, le Général Faidherbe ou De Gaulle. Les édifices publics sont également entièrement dénommés à partir de figures masculines : collège Roger-Salengro, lycées Albert-Châtelet et Pierre-Mendès-France, complexe sportif Léo-Lagrange, écoles Jacques-Prévert, Jean-de-la-Fontaine et Lucien Pignion, ou le récent complexe intercommunal Jean-Moulin. Quant au nom même de la ville, il vient de l’apôtre Paul, celui qui ordonnait :  « Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur. » (Éphésiens 5:22)

À quelles figures les filles et femmes peuvent-elles s’identifier ?

Cette absence de toute mention de femmes dans l’espace public pose questions : aucune ne méritait-elle d’être reconnue ? À quelles figures les filles et femmes peuvent-elles s’identifier, quand les hommes préemptent aussi symboliquement l’espace public ? Pourtant, nombre de femmes ont marqué l’histoire de France : les Simone Veil et Weil, Gisèle Halimi, George Sand, Joséphine Baker, Claudie Haigneré ou l’explosive Louise Michel… D’autres figures locales pourraient figurer au côté de Louis Lebel, Edmond Edmond ou Ferry de Locre : la résistante Jacqueline Héroguelle, les comtesses Élisabeth de Candavène ou Mahaut de Châtillon, ou encore parmi les contemporaines la poétesse Jeanne Maillet, l’historienne Marie-France Acquart… Sans oublier Danielle Vasseur qui restera de toute éternité la première femme maire de Saint-Pol : « Je n’ai pas la prétention de donner mon nom à une rue, s’amuse l’élue, mais il sera au moins sur la liste des maires de Saint-Pol. Avant, ce n’était pas la mode de mettre ainsi une femme à l’honneur, à moins d’une exception. Maintenant, c’est plus courant et si on a de nouvelles rues à nommer, il faudra penser à honorer des femmes. »

Edit : le vendredi 27 octobre 2023, la maire de Saint-Pol, Danielle Vasseur, a inauguré la rue Simone-Veil


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