Le mystère de “La Pentecôte” révélé grâce au travail de deux restauratrices

« Je découvre qu’il y avait une fenêtre ! On peut vraiment dire qu’on a sauvé ce tableau. Ce sera la pièce maîtresse de la Nuit des Musées ! » Responsable du service patrimoine et culturel de Saint-Pol, Cathy Camus découvre le tableau baptisé La Pentecôte, de retour dans les collections du musée après un an de restauration. L’œuvre était dans un piteux état et c’est un véritable miracle qu’Anne Simon et Isabel Bedos ont opéré pour lui redonner sa splendeur d’antan. La scène était quasiment indiscernable, la toile déchirée en plusieurs endroits, le cadre largement endommagé. Dans son atelier, Anne Simon a dû traiter les déformations et réparer les déchirures de la toile, la retendre sur son châssis, effectuer un important décrassage du vernis très oxydé pour faire apparaître une illustration de la Pentecôte, dans un style naïf et très coloré. Pendant ce temps, Isabel Bedos s’est efforcée de retirer les quatre couches de peintures apposées sur le cadre afin de retrouver la dorure originelle et de réparer, voire reconstruire, les fleurs et ornements qui garnissent le boisage.

Lorsque les deux artisanes ont déballé l’œuvre, l’assistance fut époustouflée de découvrir ce trésor oublié des collections du musée. Probablement réalisé au XVIIIe siècle, il trônait dans la chapelle Saint-Esprit jusqu’à la destruction de l’édifice en 1912. La restauration n’a pas permis de dévoiler une signature permettant d’identifier l’artiste, mais Cathy Camus ne désespère pas : « D’après un texte d’Edmond Edmont de 1895, il pourrait s’agir d’un artiste local nommé Grose. Je vais poursuivre mes investigations. » La Pentecôte est désormais conservée au rez-de-chaussée du musée Picot, avec les autres œuvres religieuses : « Cette toile a tout à fait sa place ici. Certaines municipalités rechignent à mettre en valeur et restaurer des œuvres à caractère religieux, mais la religion fait partie du patrimoine culturel de la ville », estime Martine Dusart, adjointe à la jeunesse, à l’éducation et à la culture. La municipalité a ainsi consacré près de quatre mille euros à la restauration, sur un total de 18 900 euros TTC, le reste ayant été subventionné par le département (25 %) et la direction régionale des affaires culturelles (50 %). Depuis plusieurs années, la ville de Saint-Pol a lancé une série de restaurations de ses œuvres, sous l’impulsion de Didier Fauquembergue, chargé du récolement des collections de la ville. Cette année, il n’est pas prévu de faire restaurer d’autre tableau, mais les collections du musée auraient de quoi faire travailler nombre de restaurateurs jusqu’à leur retraite, tant elles regorgent de trésors à redécouvrir.

La Pentecôte et les œuvres du musée Picot sont à découvrir sur rendez-vous ou lors de la Nuit des Musées du 14 mai.


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