Saint-Pol : deux restauratrices vont opérer un miracle pour “La Pentecôte”

À première vue, il faudrait un miracle pour que le tableau baptisé La Pentecôte retrouve son éclat : la toile est déchirée en plusieurs endroits, les couleurs ternies, le cadre fissuré… « Ça va être le jour et la nuit », confirme Anne Simon, qui a déjà sauvé plusieurs œuvres des collections du musée de Saint-Pol. Même si de longues heures de travail minutieux seront nécessaires, la restauratrice a confiance en sa capacité à redonner au tableau ses couleurs : « Il faudra plusieurs mois de travail pour reprendre les déformations de la toile et recoller les déchirures, ôter le vernis qui a fait disparaître l’image, combler les manques avec de petits morceaux de toile et un sparadrap à l’arrière… La toile est en très mauvais état mais la couche de peinture n’est peut-être pas trop abîmée. » Anne Simon estime même que c’est sa collègue, Isabel Bedos, qui aura le plus de boulot pour retaper le cadre : « Le châssis est vermoulu et a été attaqué par des insectes xylophages. Une peinture brune a été apposée sur la dorure d’origine. Il va falloir dégager cette couche pour voir si on peut retrouver la dorure. On va tout faire pour comprendre comment le cadre était à l’origine et le remettre en état. » Les deux chirurgiennes de l’art pourraient d’ailleurs avoir quelques surprises lors de leurs opérations, mauvaises ou bonnes : « On ne sait jamais ce qu’on va trouver », prévient Isabel Bedos.

« Le tableau était auparavant dans la chapelle Saint-Esprit jusqu’à sa destruction en 1922. Il a alors rejoint les collections de la ville. »

Cathy Camus, médiatrice culturelle de la ville de Saint-Pol-sur-Ternoise

Médiatrice culturelle pour la ville de Saint-Pol, Cathy Camus espère que la restauration permettra d’identifier l’auteur(e) de la toile : « Le tableau était auparavant dans la chapelle Saint-Esprit jusqu’à sa destruction en 1922. Il a alors rejoint les collections de la ville. On pense qu’il date du XVIIIe siècle et pourrait être une œuvre de l’artiste Gosse. » La tableau était “conservé” dans les réserves, sous l’escalier du musée Danvin, dans des conditions qui n’ont pas arrangé son état. Dans quelques mois, il rejoindra le musée Picot, de l’autre côté de la rue Oscar-Ricque, avec les autres œuvres restaurées qui bénéficient d’un environnement plus adapté que dans l’ancienne chapelle des Sœurs Noires. Quasiment chaque année, une œuvre des riches collections du musée de Saint-Pol bénéficie d’une restauration : après le Portrait d’homme de Philippe de Champaigne, c’est donc La Pentecôte, qui part se refaire une beauté. Une opération évaluée à 18 900 euros, dont 70 % seront pris en charge par la Direction régionale des affaires culturelles et 20 % par le département du Pas-de-Calais, sans lesquels de telles opérations ne pourraient être entreprises. Les deux expertes prévoient plusieurs mois de travail sur La Pentecôte, ce qui laisse à Cathy Camus un peu de temps pour résoudre une autre difficulté : « Il va falloir faire de la place pour pouvoir l’exposer à son retour. »


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