Trente-sept professeurs du lycée Châtelet signent une tribune en soutien au mouvement lycéen

« Nous, enseignants et personnels du lycée Albert Châtelet, affirmons notre soutien au mouvement lycéen qui s’est tenu devant l’établissement ce lundi 27 mars matin pour dénoncer la réforme du lycée et la tenue des épreuves écrites de spécialité de Terminale en mars. » Dans une tribune communiquée ce mercredi, deux jours après la mobilisation d’élèves du lycée Châtelet, trente-sept professeurs (sur les quelque quatre-vingts que compte l’établissement) témoignent de leur appui au mouvement qui dénonçait la réforme du baccalauréat, appliquée pour la première fois avec des épreuves programmées fin mars. « Ce nouveau calendrier a largement renforcé la pression qui pesait sur les élèves, les enseignants et tous les personnels pour finir « juste à temps » le programme », déplorent les signataires, confirmant le constat des premiers concernés. « Cette réforme du lycée organise le tri et la sélection des étudiants dans l’enseignement supérieur de manière opaque et incompréhensible pour les élèves comme pour les familles elles-mêmes. Elle contribue enfin à aggraver les inégalités entre les territoires et les établissements. Tout cela, les lycéens l’ont bien compris et l’ont exprimé clairement lundi ; nous sommes totalement d’accord avec eux », approuvent les trente-sept.

« Au lycée, nous formons des étudiants mais surtout des citoyens. Difficile d’apprendre ce qu’est la démocratie quand elle s’arrête aux pages des manuels scolaires ! »

Tribune cosignée par trente-sept professeurs du lycée Albert-Châtelet

Ils fustigent également la municipalité de Saint-Pol qui a rejeté la demande des lycéens de manifester dans les rues de la ville lundi : « Au lycée, nous formons des étudiants mais surtout des citoyens. Difficile d’apprendre ce qu’est la démocratie quand elle s’arrête aux pages des manuels scolaires ! Attiser les frustrations et les colères, voilà tout ce que cette interdiction injustifiée risque de produire. Cette manifestation lycéenne s’ancre dans le contexte d’un mouvement social plus large de protestation contre la réforme des retraites qui suscite aussi de vives inquiétudes concernant l’exercice de nos droits démocratiques. Nous resterons vigilants quant au strict respect du droit à manifester pour les lycéennes et les lycéens. »

« Ils pouvaient venir s’expliquer avant, puisque la manifestation avait certainement été décidée bien avant. Je suis toute prête à les recevoir quand ils veulent. »

Danielle Vasseur, maire de Saint-Pol-sur-Ternoise, à propos du refus opposé à la demande de manifestation des lycéens

Ce sujet s’était d’ailleurs invité le soir-même lors du conseil municipal. René Grandsir (conseiller municipal d’opposition, ancien professeur au lycée Châtelet et conjoint de l’une des signataires de la tribune) avait interrogé la maire, Danielle Vasseur : « L’autorisation de manifester dans la ville leur a été refusée. Ils ne remettent pas en cause cette décision, mais la manière avec laquelle on leur a répondu. Ils auraient aimé une réponse directe de votre part, peut-être même être reçus. Ils ont eu une réponse assez sèche, sans aucun argument. Normalement, le maire doit prendre un arrêté pour exprimer l’interdiction de manifestation et les raisons pour lesquelles il prend cette décision. » La maire Danielle Vasseur s’en est expliqué devant le conseil municipal : « Ils n’ont pas demandé de rendez-vous. Les organisateurs de cette manifestation s’y sont très mal pris. Les gendarmes en ont eu connaissance vendredi. Comment voulez-vous qu’on reçoive les étudiants samedi ou dimanche ? Vendredi après-midi, j’étais au conseil communautaire. J’ai eu un mail comme quoi ils auraient bien voulu rencontrer Madame le Maire, mais je ne vois pas quand. […] La gendarmerie les avaient reçus et a dit que c’était trop court pour s’organiser. Aujourd’hui, c’était jour de marché. Si ça avait été un autre jour qu’un lundi, certainement qu’on aurait laissé faire la manifestation. Le lundi, c’est le marché, il y a beaucoup de circulation dans Saint-Pol. Ils pouvaient venir s’expliquer avant, puisque la manifestation avait certainement été décidée bien avant. Je suis toute prête à les recevoir quand ils veulent. » Les lycéens sauront désormais comment procéder en cas de nouvelle mobilisation et savent qu’ils pourront également bénéficier de l’appui de bon nombre de leurs professeurs, qui concluent ainsi leur tribune : « Alors, disons-le : soutien aux lycéens mobilisés ! Si d’autres mouvements de lycéens venaient à être organisés en lien avec notre établissement, ils pourraient compter sur notre soutien. »


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