Saint-Pol : les lycéens de Châtelet se mobilisent contre la réforme du bac

« Nous sommes fatigués ! Nous avons passé des épreuves sans jour de révision ! Nous avons passé des épreuves avec des programmes non achevés, est-ce que c’est normal ? Ici, nous crions notre ras-le-bol ! »   Mégaphone en main, Aurore harangue ses camarades réunis sur le parvis du lycée Châtelet pour protester contre la réforme du bac : « Elle s’applique vraiment pour la première fois cette année. On passe des épreuves sur des programmes qui ne sont pas terminés. Les élèves de STMG ont dû changer de sujet au cours de l’épreuve à cause d’une fuite au niveau national », rapporte Lucas. Il fait partie des organisateurs du mouvement qui ont décidé, dès le lendemain des épreuves de spécialité, de faire entendre leur colère. « En philo, on était censés être interrogés sur les chapitre 1 et 2 et, au retour des vacances de février, les professeurs ont reçu un mail indiquant que les sujets du bac seraient finalement sur d’autres parties : on n’avait tout simplement pas terminé le programme et on a dû bâcler les cours et les révisions. En spécialité d’histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques,  le programme devait être allégé et ça n’a pas du tout été le cas. On s’est retrouvés à devoir travailler quatre thèmes sans jour de révision, puisqu’on devait aussi venir en cours. On n’a pas été suffisamment préparés », complète Julian, interrompu par un autre protestataire : « La nouvelle notation des options peut diminuer notre note finale, alors qu’auparavant, c’était du bonus. On a trois heures de cours en plus et ça peut faire chuter notre moyenne, ça ne donne pas envie de prendre des options. Le gouvernement a totalement foiré son coup. »

« Soit on ne pourra pas tout traiter, soit il va falloir bâcler le reste du programme. La réforme du bac a peut être quelques avantages, mais on se fait surtout écraser par les inconvénients. »

Si pour cette vague de terminales, l’affaire est déjà pliée, les élèves tenaient à dénoncer la situation pour leurs successeurs : « On ne veut pas que les premières et les secondes se retrouvent comme nous à devoir passer le bac sans être préparés. On demande une meilleure organisation pour les années suivantes et pourquoi pas un report des épreuves au mois de mai ou de juin, comme ça se faisait avant », résume Lucas. Des élèves de seconde ont rejoint le mouvement, ainsi que des premières déjà concernés par l’épreuve de français : « On a un quota de textes imposés par l’Education Nationale mais les profs disent qu’ils n’ont jamais le temps de tous les traiter. L’épreuve est au mois de juin mais on n’a pas le temps de finir le programme: on doit étudier vingt textes et on n’en est qu’au huitième. Soit on ne pourra pas tout traiter, soit il va falloir bâcler le reste du programme. La réforme du bac a peut être quelques avantages, mais on se fait surtout écraser par les inconvénients », résume Enzo. Trois autres élèves tiennent à se faire entendre : « Nous, on voudrait parler du sujet d’humanité, littérature, philosophie ! On trouve inacceptable que le sujet proposé soit hors programme. C’était “le savoir nuit-il à la sensibilité ?”, alors que le savoir n’est pas du tout dans notre programme. »

« Nous aussi, dans les villages, on est touchés par ce qui se passe globalement dans le pays. »

Les trois copines sont venues avec une pancarte inspirée par leur sujet et ont rejoint le groupe de manifestants qui a dû se contenter de se faire entendre devant le lycée, leur demande de défilé dans les rues de la ville ayant été refusée par la municipalité. Alors, ils ont rapporté quelques barrières pour filtrer les entrées de l’établissement, sans le bloquer, et ont occupé le parking du lycée en chantant la Marseillaise et quelques tubes de la contestation lycéenne, exhumant le nom de Jean-Michel Blanquer, dans une ambiance festive. « Ça se passe en bonne intelligence, constate le proviseur Emmanuel Damiens. On a un bon contact avec nos élèves. On n’a pas à interdire ou autoriser leur mobilisation, mais on s’assure que tout se passe bien. On sait que certaines manifestations sont très difficiles, ce n’est pas le cas ici. » La protestation de ce lundi était centrée sur la réforme du bac et à l’initiative des lycéens de Châtelet, sans qu’un appel national ait été lancé, mais l’ambiance générale a contribué à leur mobilisation : « On a voulu s’inscrire dans la continuité de ce qui se passe en France, explique Lucas. C’est surtout dans les grandes villes, alors on voulait montrer qu’ils ne sont pas seuls et que nous aussi, dans les villages, on est touchés par ce qui se passe globalement dans le pays. » Quelques pancartes liées à la réforme des retraites étaient bien présentes, mais la plupart concernaient bel et bien la réforme du bac qui a chamboulé le parcours des lycéens, sauf sur un point : la manif lycéenne fait toujours partie du tronc commun.


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