Comme le Gobelin du Ternois l’avait dévoilé, un ambitieux projet de traitement et de valorisation de déchets pourrait s’implanter dans la zone industrielle de Saint-Pol-sur-Ternoise. Pourtant déclaré « confidentiel » pour le moment (même Danielle Vasseur, maire de Saint-Pol, assure ne pas être au courant), il est présenté sur un site internet mis en ligne au mois de mars. Il apporte moult informations complémentaires sur le projet “La FabriQ du Ternois”, notamment un plan de masse qui confirme que les douze hectares réservés par TernoisCom sont bien prévus pour accueillir trois entités : une unité de méthanisation ; une unité de déconditionnement et d’hygiénisation pour le traitement des biodéchets (déchets de cuisine et de table, sous-produits animaux…) ; et une unité de valorisation des déchets inertes (notamment les emballages non-recyclables) en électricité et en réseau de chaleur pour les industries voisines.

L’unité de déconditionnement et d’hygiénisation serait « capable de traiter 80 000 t/an de déchets » afin de produire « une soupe méthanogène d’une part, ainsi que des déchets inertes d’autre part (emballages). La soupe est apportée en unité de valorisation pour la production de biogaz alors que les déchets inertes permettent de générer électricité et chaleur pour les industries voisines. » Cette drôle de mixture alimenterait notamment un méthaniseur « adjacent » : « avec 52 000 tonnes de soupe, 20 000 tonnes de lisier et 60 000 tonnes d’autres intrants (pulpes, cultures intermédiaires), cette unité pourra produire 800 à 1 200 Nm3/h de biométhane. » Concernant les risques inhérents à ce type d’installation, le porteur du projet se veut rassurant : « Le risque d’explosion est faible étant donné que le processus de méthanisation se déroule en enceinte confinée, privé d’oxygène, dans des installations étanches. Toutefois, les sites sont dotés de détecteurs de gaz, d’extincteurs, d’une voie d’accès pour les pompiers. Ils sont également équipés d’un dispositif de destruction du biogaz (une torchère par exemple). Depuis le 1er juin 2021, la réglementation impose aux sites de méthanisation une zone de rétention étanche, capable de confiner le digestat en cas d’incidents ; cela pour éviter toute contamination de l’environnement. » Côté nuisances, Inwaste assure que « le processus de méthanisation est conduit en milieu confiné, en l’absence d’oxygène, et n’émet donc pas d’odeur. »

Un projet pensé en partenariat avec Herta, Bigard et Ingredia
Il s’agira entre autres de traiter les biodéchets (notamment les “sous-produits animaux”) générés par Herta, Bigard et Ingredia : « L’implantation du site se veut au plus près des producteurs de déchets pour éviter les contraintes (émissions de CO2, coût, main d’œuvre…) liées au transport. C’est pourquoi, les terrains situés de part et d’autre de la déchetterie de Saint-Pol-sur-Ternoise ont été choisis », selon le descriptif du projet. Ces industries seront également alimentées en énergie par l’incinération de déchets non-recyclables : « La chaudière à Combustibles Solides de Récupération (CSR) permet de valoriser les déchets inertes issus du déconditionnement en électricité et chaleur. La chaleur produite permet de fournir les process des usines voisines ». D’après le calendrier prévisionnel, les études de faisabilité sont en cours et le début des travaux est prévu pour l’automne 2024, après l’instruction des permis de construire et des dossiers d’installations classées pour la protection de l’environnement. Se présentant comme « l’alchimiste du biodéchet », Inwaste exposera son projet “La FabriQ du Ternois” jeudi lors du Green Business Forum de Liévin. Pour la population du Ternois et ses élus, il faudra attendre, mais ils peuvent d’ores et déjà se faire une idée sur le site internet : inwaste.fr.