St-Pol : un site de traitement des biodéchets et une chaudière pour les non-recyclables en projet

La zone industrielle de Saint-Pol-sur-Ternoise pourrait accueillir une chaudière à combustibles solides de récupération et une unité de traitement des biodéchets. Un ambitieux projet co-porté par TernoisCom qui ne pipe mot pour l’instant sur ce dossier. « C’est confidentiel », confirme Nicolas Motte de la société Gazolink, qui travaille sur le projet. « Il serait prématuré d’en parler, on ne maîtrise pas tout, il faut attendre », indique le laconique président de TernoisCom, Marc Bridoux. Néanmoins, le projet semble bien avancé : baptisé “La FabriQ du Ternois”, il a déjà été présenté en préfecture du Pas-de-Calais et aux industries agro-alimentaires de la zone de Saint-Pol, et même déposé dans le cadre d’un appel à projets de GRDF en avril 2022. « Il a pour but de traiter et valoriser les biodéchets en les transformant en ressource pour les méthaniseurs, d’une part, et d’alimenter une chaudière permettant de produire de l’électricité et de la chaleur pour les installations et industries voisines, d’autre part », d’après une présentation du projet par l’entité “Inwaste du Ternois”, qui précise également : « Les biodéchets seront déconditionnés et hygiénisés et les déchets résiduels seront préparés en combustibles solides de récupération. »

Schéma issus de la présentation Inwaste du Ternois

Des déchets non-recyclables incinérés pour produire chauffage et électricité

Ainsi, la chaudière consisterait en une installation d’incinération destinée à produire de l’électricité et du chauffage à partir de “combustibles solides de récupération”. Une solution présentée comme contribuant à la lutte contre le changement climatique puisqu’elle permet de valoriser des déchets non-recyclables, – plutôt que de les enfouir ou de les incinérer sans valorisation énergétique – et de générer une énergie alternative aux combustibles fossiles. L’autre versant du projet vise à récupérer des déchets organiques issus des collectivités (cantines), des industries agroalimentaires, des grandes surfaces, de la restauration ou des ménages : après une opération de déconditionnement (retrait des emballages), ils seraient hygiénisés (ou pasteurisés comme on dit plus communément), étape indispensable pour les déchets d’origine animale, afin d’alimenter des méthaniseurs – ce qui contribuerait à réduire la quantité de cultures introduites. TernoisCom pourrait ainsi répondre à son obligation de développer une solution de tri à la source des biodéchets à partir de 2024.

Zone déclarée d’utilité publique avec les parcelles acquises par TernoisCom (rouge) et celles pouvait faire l’objet d’une expropriation (orange)

Douze hectares réservés par TernoisCom dans la zone industrielle de Saint-Pol

L’implantation serait donc prévue dans la zone industrielle de Saint-Pol – ce qui permettrait d’alimenter en énergie les entreprises voisines – où TernoisCom a déjà installé une déchetterie et déclaré d’utilité publique douze hectares en décembre dernier. Le président Marc Bridoux a d’ailleurs annoncé qu’il n’excluait pas de recourir à des expropriations si nécessaire, d’autant plus que « des pourparlers sont engagés pour le développement d’un projet d’ampleur, portant sur l’ensemble des douze hectares de cette zone » (La Voix du Nord, 19 décembre 2022). Néanmoins, il reste encore de nombreuses étapes à franchir avant de voir ce projet émerger dans la zone nord de Saint-Pol, notamment l’instruction du dossier d’installation classée pour la protection de l’environnement, ainsi que l’information des élus de TernoisCom et des habitants du Ternois, l’enquête publique… Quelle quantité de déchets sera traitée ? Proviendront-ils du territoire de la communauté de communes ou de plus loin ? Quelle est la production énergétique attendue ? Combien cela va-t-il coûter à la collectivité ? À quoi ressemblera l’entrée nord de Saint-Pol ? Quelles seront les émissions d’odeurs et les rejets liés à l’incinération ? Nicolas Motte indique qu’une campagne de communication sur le projet devrait être lancée à l’automne prochain.

Exemple d’une chaudière CSR, la première en France, inaugurée en 2017.

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