Saint-Pol : la Covid-19 et le cafard continuent de se propager au foyer de Canteraine

« J’espérais ne pas en être là aujourd’hui, mais le nombre de cas positifs à la covid continue d’augmenter, quinze jours après l’isolement en chambre de nos résidents », constate Michaël Knopp, directeur du dispositif habitat et vie sociale du Ternois. Mardi dernier, il annonçait que vingt-cinq adultes du foyer de Canteraine, ainsi que quatorze agents, avaient été contaminés et que le variant anglais de la covid était impliqué. Malgré les mesures drastiques d’isolement, douze nouveaux cas ont été identifiés, portant à trente-sept le nombre de résidents positifs, sur un total de quarante-six personnes.

Seuls huit des quarante-six résidents ont jusqu’alors été épargnés

« La semaine dernière, trois personnes en foyer de vie présentaient des symptômes et nous avons aussitôt dépisté les résidents de cet hébergement : sept d’entre eux étaient positifs. Lundi, nous avons testé les autres personnes qui étaient négatives la semaine dernière et nous avons identifié cinq autres cas », détaille le directeur. Ainsi, seuls huit des quarante-six résidents du foyer de Canteraine ont jusqu’alors été épargnés : ils seront à nouveau testés la semaine prochaine. Si aucun d’entre eux n’est positif, il sera alors envisageable de lever les mesures d’isolement, déjà délétères sur la santé mentale des résidents. « Nous sommes repartis pour une période d’isolement de dix jours. Nous avons décidé de confiner les trois hébergements mais de lever les mesures d’isolement en chambre pour les résidents déjà contaminés : ils peuvent sortir en petits groupes pour prendre l’air, mais sans se mélanger avec les autres », précise Michaël Knopp. En revanche, les huit résidents négatifs sont tenus de garder la chambre.

« Quand on a levé l’isolement en chambre pour les cas positifs, certains ne voulaient même pas sortir. »

Michaël Knopp, directeur du dispositif habitat et vie sociale du Ternois

Cet assouplissement des mesures, en attendant un déconfinement total, apparaissait nécessaire au directeur et à ses équipes, tant l’isolement commençait à peser sur les résidents : « Ils n’ont plus de rythme, ne peuvent plus sortir, ça a été violent pour certains. Ce week-end, c’était plutôt tendu : une personne était vraiment abattue et a dû faire un aller-retour aux urgences. On a fait intervenir des psychiatres et psychologues à distance et la situation s’est apaisée depuis. Quand on a levé l’isolement en chambre pour les cas positifs, certains ne voulaient même pas sortir. » Pour animer le quotidien, la Friterie Saint-Poloise est venu à deux reprises, les enfants de l’IME ont défilé pour carnaval, des artistes de Cirqu’en Cavale et d’une troupe de théâtre lilloise ont diverti les résidents, le tout évidemment à distance et en extérieur. L’équipe du foyer de Canteraine doit maintenant redoubler d’imagination pour animer les lieux encore une dizaine de jours, mais aussi pour réussir à assurer l’encadrement et le suivi des résidents, car les professionnels ne sont pas épargnés par l’épidémie : neuf nouveaux cas positifs sont venus s’ajouter aux quatorze identifiés la semaine dernière.

« Les personnels sont plus marqués : beaucoup souffrent d’une très grosse fatigue et ne peuvent reprendre leur poste dès la fin de la période d’isolement. »

Michaël Knopp, directeur du dispositif habitat et vie sociale du Ternois

« On doit s’adapter, revoir les plannings, rappeler certains qui étaient en congé, surtout pour les suivis médicaux. Actuellement, quand un professionnel revient de période d’isolement, un autre part », résume Michaël Knopp qui constate – sans se l’expliquer – que la Covid-19 a plus d’effets sur les personnels que sur les résidents : « On a eu quelques situations compliquées chez nos adultes, mais la plupart ne présentent aucun symptôme. En revanche, les personnels sont plus marqués : nous n’avons pas de cas grave, mais beaucoup souffrent d’une très grosse fatigue et ne peuvent reprendre leur poste dès la fin de la période d’isolement. » Du côté des résidents, la personne prise en charge à l’hôpital d’Arras la semaine dernière a pu regagner le foyer, mais reste sous oxygène – ce qui nécessite l’intervention de l’équipe d’hospitalisation à domicile. Une deuxième a été hospitalisée brièvement pour une gêne respiratoire. Pour les autres, pas grand-chose à signaler à part un ennui asphyxiant.

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