Les élues de la CGT refusent que les salariées servent de variable d’ajustement à l’ADMR

Si les représentantes du personnel de la CGT et la direction de l’ADMR de Saint-Pol sont loin d’être d’accord sur tout, elles partagent au moins un même constat : « On a bien conscience que le coût de la vie augmente, que le carburant est cher. On sait bien que c’est le métier d’aide à domicile n’est pas encore assez valorisé », reconnaît Mélissa Ducrocq, directrice de l’association saint-poloise. De plus, les syndicalistes ont bien conscience des contraintes financières de l’ADMR : « Nous avons bénéficié d’une revalorisation en 2021 qui nous a fait du bien, mais qui a fait du mal aux finances des petites associations, admet Isabelle Leclercq. Pour certaines aides à domicile, ça représentait une augmentation de 200 euros. » « Mais pas pour toutes », nuance l’élue CGT Sandra Frévaque, l’une de celles pour qui la revalorisation n’a représenté qu’une poignée d’euros.

Des demandes légitimes mais qui dépendent des financements publics

Depuis plusieurs années, les élues de la CGT demandent surtout le paiement intégral de leurs temps et frais de trajet entre les différents domiciles où les salariées de l’ADMR sont appelées à intervenir : elles considèrent d’ailleurs que la direction de l’antenne locale ne respecte pas la convention collective, qui prévoit que « les temps de déplacement qui auraient été nécessaires entre chaque lieu d’intervention si les interventions avaient été consécutives sont assimilés à du temps de travail effectif ». Or, lorsque les salariées disposent de plus d’une heure de coupure entre deux interventions : « On considère qu’elles peuvent vaquer à leurs occupations », explique Mélissa Ducrocq de l’ADMR. Ce que rejettent les cégétistes : « Quand on est dans un village, on ne va pas aller faire des kilomètres pour faire ses courses. Beaucoup de filles vont simplement attendre dans leur voiture l’intervention suivante. » Si la convention collective prévoit bel et bien une indemnisation, la direction s’appuie sur une subtilité : la clause suspensive. « Cette clause précise que si les financeurs donnent des moyens supplémentaires, les employeurs pourront mettre en place des indemnités pour ces interruptions. Nous respectons la convention collective et si nous avions les financements, nous serions de toute façon obligés d’indemniser les coupures de plus d’une heure », assure la directrice. Autrement dit, la demande est légitime, mais elle ne s’applique que si les financeurs en acceptent le coût.

« Sans les financements, on pourrait faire le choix d’indemniser cette partie, mais ce serait la fin de l’ADMR en quelques mois »

Mélissa Ducrocq, directrice de l’ADMR de Saint-Pol-sur-Ternoise

« Ces personnes se trompent de cible : il faut qu’elles aillent voir les bons interlocuteurs, les pouvoirs publics, pour faire bouger les choses. Sans les financements, on pourrait faire le choix d’indemniser cette partie, mais ce serait la fin de l’ADMR en quelques mois », estime Mélissa Ducrocq. « On ne veut pas mettre en péril l’ADMR, mais défendre nos droits », répond Sandra Frévaque. Les syndicalistes estiment même que les conditions se dégradent alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, notamment le carburant : les aides à domicile sont ainsi indemnisées à 0,38€/km et elles doivent couvrir un territoire de quarante-deux communes – sans compter les interventions hors secteur, qui ne sont désormais indemnisées qu’à 60 %. « On a proposé de repenser les sectorisations, de revoir les plannings pour être plus efficaces et avoir des journées sans coupure », souligne Isabelle Leclercq, ce qui permettrait également d’obtenir une meilleure indemnisation pour les salariés, mais pèserait sur les comptes de l’ADMR. Un équilibre de plus en plus difficile à tenir, alors que « on a toujours autant de personnes aidées, environ sept cents, mais les financements publics diminuent », comme le constatent les cégétistes. Néanmoins, pas question pour elles que les salariées servent de variable d’ajustement et elles continueront à militer pour que les salariées puissent être correctement indemnisées – sinon payées – pour leur travail.


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