Rendre des comptes et communiquer : la politique locale selon Ginette Beugnet

Au milieu des hommes retraités qui constituent la majorité des élus du Ternois, Ginette Beugnet est un personnage politique à part. Tandis que certains fuient la lumière, la conseillère départementale se montre partout : aux cérémonies officielles, aux inaugurations, aux réunions, aux manifestations en tous genres. Et elle le prouve au quotidien sur les réseaux sociaux : la vie de l’élue s’étale au fil des publications Facebook ou Twitter. Son approche moderne permet à ses électeurs de constater que leur représentante est toujours sur le terrain ou en réunion. Elle serait au four et au moulin si c’était possible. Ses détracteurs fustigent une ostentation dénuée de fond, ses fidèles vantent une élue accessible et proche de la population, ce qu’elle revendique : « Quand on est élu, on est en CDD. Ce sont les électeurs et personne d’autre qui décident ou non de renouveler le contrat. On a un pacte de confiance avec eux et il est normal de leur rendre des comptes », estime Ginette Beugnet en ouverture de son bilan annuel, devant une vingtaine de personnes réunies à la maison du département de Saint-Pol. La moitié de l’assistance est constituée de maires de villages du canton, la seconde par des responsables associatifs et de simples citoyens proches de la conseillère départementale. L’élue 2.0 a aussi mis en place une retransmission en direct sur Facebook de son intervention, histoire d’élargir son audience et de toucher un maximum de personnes.

Un bilan 2018, mais pas d’annonce pour 2020

Micro dans une main, souris dans l’autre, Ginette Beugnet projette sur le mur blanc de la salle la présentation qu’elle a longuement travaillée, dressant le bilan de l’année 2018 de son action en tant que conseillère départementale et celui de son institution. Quelques dessins et animations rendent moins austère l’avalanche de chiffres énoncés par l’élue, concernant son propre bilan d’abord : 642 rendez-vous en tout genre pour 31 154 kilomètres parcourus au cours de l’année 2018. Les nombres sont encore plus vertigineux lorsqu’elle aborde l’action du département : 1,8 milliard d’euros de budget, 9,6 millions pour l’aide aux territoires ruraux, 4,7 millions pour la convention CAF, autant pour les cinquante chantiers d’insertion, 3,7 millions pour le Fonds solidarité logement, 3,6 millions d’euros pour la maintenance des routes… Néanmoins, Ginette Beugnet s’efforce d’être pédagogue, illustrant chaque élément par des exemples concrets, si possible dans le périmètre de son canton. Quand l’occasion se présente, elle ne manque pas de tacler la municipalité de Frévent, par exemple pour ne pas avoir donné suite aux pistes cyclables ou à la contractualisation avec le département. Ginette Beugnet est en conflit ouvert avec la mairie de Frévent, son ancien employeur, et ne surprendra personne lorsqu’elle annoncera sa candidature aux prochaines municipales : « Ce n’est pas le sujet du jour. Chaque chose en son temps », élude-t-elle quand on lui pose la question. Ce soir, l’élue reste concentrée sur l’action départementale. « Je vous donne tous ces montants, car il s’agit d’argent public et donc de vos impôts. Je ne vous ai pas tout mis, mais vous avez au moins l’essentiel des choses sur lesquelles intervient le département », justifie la conseillère, tout en s’assurant qu’elle n’a pas assommé son auditoire, en demandant régulièrement : « Ça va ? Ça vous parle ? J’espère que ça vous intéresse et que vous apprenez des choses. »

« Vous n’avez pas élu une conseillère pour qu’elle reste dans son fauteuil »

L’élue avale un bonbon aux plantes, s’éclaircit la gorge et repart de plus belle pour aborder l’action du département dans l’éducation, la culture, le sport, les infrastructures et les aides diverses qu’il peut apporter, comme pour les jeunes souhaitant passer leur permis de conduire. L’occasion pour un auditeur de poser une colle à l’élue : « L’aide au permis, c’est jusqu’à quel âge ? » « Bonne question. Je travaille mes dossiers, mais je n’ai pas toutes les réponses », avoue la conseillère départementale qui peut compter sur les quatre membres de son staff pour apporter les précisions nécessaires – 26 ans pour ce qui est de l’aide au permis. Le direct sur Facebook rassemble entre cinq et dix spectateurs tout au long de l’heure et demie que dure la présentation du bilan 2018. Pour finir, Ginette Beugnet souligne qu’elle a gardé la même dynamique en cette quatrième année de mandat, avec déjà 162 rendez-vous à son actif : « Vous n’avez pas élu une conseillère départementale pour qu’elle reste dans son fauteuil, lance Ginette Beugnet. J’ai essayé d’être synthétique, de vous montrer tout ce que fait le département au quotidien. » « La présentation était mieux que celle de l’année dernière », la rassure un maire du canton. « On essaie de s’améliorer », sourit la conseillère départementale qui invite son auditoire à poursuivre la discussion autour d’un verre, sauf les spectateurs du direct sur Facebook : c’est là la limite de la cyber-proximité.

Soutenez-nous!
Le Gobelin du Ternois est gratuit et le restera grâce à vous!
Soutenez Le Gobelin du Ternois sur Tipeee Soutenez Le Gobelin du Ternois sur Tipeee