Finding George : y a-t-il un pilote dans la vallée ?

Après une première mission de recherche en août dernier, une nouvelle équipe d’archéologues américains a pris ses quartiers d’été dans le Ternois avec un objectif précis : retrouver les restes de George Wilson, pilote américain dont l’avion s’est écrasé à Monchy-Cayeux le 8 juillet 1944. « L’année dernière, nous avons récupéré plus de cinq mille fragments qui nous ont permis de confirmer qu’il s’agit bien d’un bombardier B-17. Même si plusieurs témoignages laissent penser qu’il s’agit de celui de George Wilson, nous devons nous en assurer en retrouvant des os que nous pourrons identifier en laboratoire », explique le Colonel Valérie Prehoda. La franco-américaine était volontaire sur la précédente mission en tant que traductrice et a pris le commandement pour ces nouvelles recherches, qui pourraient ne pas être les dernières : « Nous avons décidé de revenir car nous n’avons pas retrouvé le pilote l’année dernière. De telles recherches peuvent nécessiter deux, trois, voire quatre missions. Cette fois, les opérations sont supervisées par Rick Weathermon, ostéologue et bioarchéologue. C’est le spécialiste dont nous avions besoin pour identifier d’éventuels ossements. Nous avons aussi quatre autres spécialistes en ostéologie des universités du Colorado et du Wyoming. »

Creuser, remplir et transporter les seaux, briser les mottes de terre, secouer les tamis, scruter les cailloux…

Depuis le début du mois, une trentaine d’archéologues, d’étudiants et de volontaires creusent méthodiquement la terre desséchée de la Vallée Blanche, érigent des monticules qu’ils tamisent ensuite précautionneusement pour récupérer toutes les pièces de l’avion enfouies depuis soixante-dix-huit ans et essayer d’identifier des ossements. Pour cela, la présence des cinq ostéologues est essentielle, tout d’abord pour différencier les os de certains cailloux ressemblant et identifier l’être vivant dont ils sont issus. Moult bras et huile de coude sont indispensables pour creuser, remplir et transporter les seaux, briser les mottes de terre, secouer les tamis, scruter les cailloux, récupérer les petits morceaux d’aluminium, de bois ou de plexiglas qui constituaient l’avion, et recommencer ad nauseam. Néanmoins, la richesse des rencontres et la joyeuse ambiance qui règnent entre les participants compensent la monotonie et la fatigue. L’arrivée régulière de nouveaux renforts permet également de renouveler les forces, les sujets de conversation et la musique qui résonne dans un seau transformé en haut-parleur – bien que Jon Bon Jovi soit quotidiennement de la partie.

« Explore, excavate, excel » (explorer, creuser, exceller)

« C’est une mission sacrée. Je suis une ancienne militaire. C’est touchant de penser que si c’était moi, des inconnus viendraient me chercher »

Lieutenant-colonel Valérie Prehoda, directrice des opérations et néo-Mont-Cayenne

Après déjà deux semaines de travail, des tonnes de terre ont déjà été sondées et des kilos de fragments d’avion récupérés. « Nous envoyons tout aux États-Unis pour des analyses approfondies et l’archéologue en chef décidera si les recherches se poursuivront l’année prochaine », annonce le lieutenant-colonel Valérie Prehoda. S’il en est une qui est assurée de revenir à Monchy-Cayeux, c’est bien elle : suite à la précédente mission, elle s’est achetée une maison dans le village : « L’année dernière, je suis tombée amoureuse de ce coin. Ça ressemble au nord du Michigan, où je suis née. Les habitants sont vraiment très accueillants et je me sens comme chez moi ici. Beaucoup de soldats ont disparu dans le nord de la France, donc je suis désormais sur place si d’autres missions de recherches sont lancées ! » En effet, l’armée américaine « ne laisse personne derrière », même des décennies après la disparition de ses hommes et femmes. L’enquête menée depuis 2018 par Erik Bornemeier pour retrouver le grand-oncle de sa femme a permis de placer le dossier de George Wilson dans le top des priorités de la DPAA*, un parmi les milliers de disparus durant les différents conflits militaires auxquels ont pris part les États-Unis. « C’est une mission sacrée. Je suis une ancienne militaire. C’est touchant de penser que si c’était moi, des inconnus viendraient me chercher », confesse Valérie Prehoda. Alors, jusqu’à la fin de la semaine, tous vont continuer à s’épuiser avec le fol espoir de retrouver George Wilson et de ramener ses restes sur sa terre natale, ce qui mettrait un point final à une aventure débutée voici quatre ans et qui couronnerait les efforts des archéologues de l’université du Colorado qui prouvent chaque jour qu’ils restent fidèles à leur devise : « Explore, excavate, excel ».

*DPAA : Defense POW/MIA Accounting Agency, agence gouvernementale chargée de retrouver les corps des militaires américains prisonniers de guerre ou disparus au combat depuis la Seconde guerre mondiale

Contact : Valérie Prehoda au 0601723821
Les précédents épisodes de notre saga “Finding George”
Suivez l’aventure sur la page Facebook “Finding George”


Soutenez-nous!
Le Gobelin du Ternois est gratuit et le restera grâce à vous!
Soutenez Le Gobelin du Ternois sur Tipeee Soutenez Le Gobelin du Ternois sur Tipeee