Finding George : les aventuriers du pilote perdu

Tandis que les engins agricoles moissonnent dans la Vallée Blanche de Monchy-Cayeux, une quinzaine d’Américains s’activent quelques mètres en amont, sur le coteau. Ils sondent, creusent, tamisent, à la recherche des restes du lieutenant George Wilson et de son B17, écrasés là au matin du 8 juillet 1944. « Nous voulons ramener notre soldat à la maison. Quand les États-Unis vous envoient combattre quelque part, même si vous êtes mort, on vous ramène à la maison. » Le lieutenant-colonel Raymond V. Sumner dirige l’équipe de recherche qui s’est installée à Monchy-Cayeux pour un mois : « Nous avons deux objectifs : retrouver les restes du pilote, mais aussi identifier formellement l’avion qui s’est écrasé ici. »

« Une quarantaine de volontaires ont répondu à notre appel. Nous en accueillons une dizaine chaque semaine, venant de France, d’Allemagne, des Pays-Bas ou du Danemark. »

Lieutenant-colonel Raymond V. Sumner, responsable de la mission

En 2018, soixante-quatorze ans après le drame, Erik Bornemeier débarquait en France afin de trouver des traces de ce disparu, grand-oncle de son épouse : en quelques jours, aidé par des habitants du village et d’ailleurs, il avait recueilli de nombreux témoignages concordants, ainsi que des débris d’avion dans le champ de la Vallée Blanche. Autant d’éléments qui ont décidé le DPAA* à dépêcher une équipe de fouilles à Monchy-Cayeux. Celle-ci est constituée d’étudiants et d’universitaires du Colorado, ainsi que de vétérans américains installés en Europe : « Nous avons sollicité l’American Legion et les Veterans of Foreign Wars (NDR : deux associations d’anciens combattants) : une quarantaine de volontaires ont répondu à notre appel. Nous en accueillons une dizaine chaque semaine, venant de France, d’Allemagne, des Pays-Bas ou du Danemark. C’est une communauté très impliquée et ils comprennent notre démarche. Tout ce qu’ils veulent, c’est nous aider à retrouver ce pilote. »

L’archéologie, ce n’est pas Indiana Jones ! Ça consiste surtout à transporter des seaux de terre, ce n’est pas tout le temps fun et sexy. »

Lieutenant-colonel Valérie Prehoda, coordinatrice des vétérans

Le leader de l’opération s’est appuyé sur la lieutenant-colonel Valérie Prehoda, franco-américaine installée en Normandie, responsable de sa section locale d’anciens combattants, logisticienne et archéologue de formation. Bref, elle offrait le profil idéal pour constituer une équipe : « Il a fallu expliquer aux volontaires comment ça se passe, leur apprendre comment travailler sur le site. L’archéologie, ce n’est pas Indiana Jones ! Ça consiste surtout à transporter des seaux de terre, ce n’est pas tout le temps fun et sexy. » Pas de quoi effrayer les vétérans qui se relaient sur le site, aux côtés des étudiants du Colorado, également volontaires pour participer à l’aventure : « Certains sont dans des cursus scientifiques, naturalistes ou agricoles. On a avant tout cherché des personnes qui savent pourquoi nous sommes là et qui s’entendent bien sur le terrain. On passe un mois ensemble, il faut que ça fonctionne entre tout le monde. On doit être efficaces. Notre mot d’ordre, c’est KISS : “keep it simple, stupid !” », sourit Ray. En effet, l’équipe ne dispose que d’un mois pour fouiller le champ de la Vallée Blanche et trouver un maximum d’éléments, ce qui nécessite un travail minutieux : des zones de fouilles sont identifiées à l’aide de détecteurs de métaux, puis creusées sur des carrés de quatre mètres de côté, la terre est ensuite tamisée pour récupérer tous les petits fragments d’avion et peut-être des os ou des dents. Pour l’instant, après dix jours de recherches, l’équipe n’a trouvé que des morceaux de métal et de plastique, probablement issus du B17 de George Wilson, mais pas d’élément probant. Les deux lieutenants-colonels espèrent que les découvertes vont surgir grâce au radar qu’ils doivent recevoir en fin de semaine : un détecteur capable de repérer les métaux mais aussi les os sur une profondeur de deux mètres.

L’exploitant Xavier Trollé (à gauche) s’efforce de faciliter la tâche de l’équipe américaine.

Un ancien de Monchy-Cayeux a indiqué l’endroit exact du crash de l’avion, d’après ses souvenirs de jeunesse, ce qui permet de mieux cibler les recherches : « La communauté locale est incroyable. La propriétaire du champ nous a autorisés à creuser ; l’exploitant, Xavier Trollé, fait tout ce qu’il peut pour nous aider : quand on a besoin de quelque chose, il passe un coup de fil et nous trouve des solutions. Des gens s’arrêtent tous les jours pour voir ce qu’il se passe, ils montrent un véritable intérêt, les enfants sont fascinés ! » Le lieutenant-colonel Ray est enchanté de ses échanges avec les habitants et les invite même à participer aux recherches : « Si des personnes sont intéressées pour nous aider à creuser et déplacer la terre, elles sont bienvenues ! On travaille huit heures par jour, on se garde au moins un jour de repos par semaine. La météo nous a compliqué la tâche, mais c’est encore pire pour Xavier et les fermiers de la région, pour qui c’est un véritable cauchemar. Nous avons besoin de toute l’aide possible pour être efficaces. » Si vous voulez participer à cette grande aventure internationale et découvrir comment se déroulent des fouilles, rejoignez les aventuriers du pilote perdu : sa place est aux États-Unis.

*DPAA : Defense POW/MIA Accounting Agency, agence gouvernementale chargée de retrouver les corps des militaires américains prisonniers de guerre ou disparus au combat depuis la Seconde guerre mondiale


Contact : lieutenant-colonel Valérie Prehoda au 06.01.72.38.21.
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