Dans le vaste campement installé au pied du donjon de Bours, les visiteurs pouvaient croiser des personnages issus du passé. Des soldats romains y croisaient leurs homologues de la guerre d’Algérie, des vikings ou des corsaires, tout ce petit monde d’hier se plaisant à échanger sur leurs pratiques, ce qui donnait lieu à de surprenantes rencontres. Pour le premier festival multi-époques d’histoire vivante, TernoisCom annonçait attendre plus de deux cent cinquante reconstituteurs, rassemblés durant deux jours. Si la chaleur a pu dissuader une partie du public, elle n’a pas entamé l’enthousiasme des participants, malgré le pesant barda que la plupart devait porter pour les diverses démonstrations de combat qui ont concentré l’attention du public. Les visiteurs ont également largement profité de la fraîcheur du donjon lors de visites guidées qui ont fait le plein. Pendant ce temps, les reconstituteurs profitaient de l’ombre de leurs tentes, où ils accueillaient le public pour partager leurs passions pour les diverses époques évoquées et souligner l’historicité de leur démarche. L’effet était d’ailleurs saisissant : croiser un officier du Troisième Reich en tenue, arborant diverses croix gammées sur son uniforme, a toujours l’effet de vous glacer le sang. Fidèles à la réalité historique, les soldats allemands étaient très élégants, polis et se prêtaient avec le sourire aux demandes de photos (comme leurs héritiers d’aujourd’hui). Le souci du détail de l’histoire pouvait sembler parfois un peu trop poussé : afficher ostensiblement un portrait de Rommel n’était sans doute pas nécessaire. « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter », écrivait le philosophe George Santayana, mais pour les reconstituteurs, connaître le passé est justement le meilleur moyen de le répéter.