« L’œil du cyclone va arriver, mais nous sommes prêts à faire face. La maison de santé est officiellement reconnue par l’ARS* comme cellule “SOS Covid-19” », annonce le docteur Laurent Turi. Masque sur le visage, même pour une interview par téléphone, le docteur explique dans le détail l’organisation spécifique mise en place afin de faire face à la pandémie, dont le pic est attendu ces prochains jours : « Nous avons établi deux circuits d’accueil : un pour les patients présentant des symptômes du COVID-19, un autre pour les consultations classiques. L’équipe COVID-19 est composée de trois médecins, deux infirmières, deux agents d’entretien et deux secrétaires. On répond à un cahier des charges établi par l’ARS. L’objectif est de désengorger le 15 et les urgences. Tous les jours de 8h à 20h, nous accueillerons les patients qui nous aurons contactés ou qui nous serons adressés par le Samu. »
« On a déjà vu soixante-dix personnes, dont certaines avec probablement des covid débutants ou bien installés. »
Docteur Laurent Turi, maison de santé pluridisciplinaire de Gauchin-Verloingt
Pour cette cellule spéciale, une salle sera dédiée aux consultations pour les patients présentant des symptômes du coronavirus et les professionnels de la maison de santé seront équipés de masques, charlottes et de blouses. La cellule est officiellement reconnue par l’ARS depuis vendredi, mais ces dispositions spécifiques ont été mises en œuvre dès lundi dernier : « On a déjà vu soixante-dix personnes, dont certaines avec probablement des covid débutants ou bien installés. On a mis des personnes en observation, en confinement et d’autres ont été envoyées à l’hôpital. On n’a pas eu de cas de COVID-19 confirmé, mais qu’on ait des symptômes ou pas, on est tous concernés. On doit considérer qu’on est tous potentiellement porteurs. L’important est de savoir dépister les symptômes de gravité et de rassurer lorsque les symptômes sont bénins. À l’issue de la consultation, soit on donne conseils de surveillance, soit on prévoit des téléconsultations, soit on envoie en hospitalisation, comme c’est déjà arrivé avec un patient qui était dans un état grave, même s’il n’était pas positif au COVID-19. » Les habitants du secteur craignant d’être infectés sont invités à appeler leur médecin traitant en cas de symptômes, le 15 en cas de signes de gravité, ou au besoin la maison de santé pour un premier échange téléphonique qui permettra de déterminer s’il est nécessaire ou non de les accueillir dans la cellule spécifique. Parallèlement, la maison de santé continue d’assurer ses consultations classiques et les soins non-programmés. Le Dr Turi précise que le renouvellement des médicaments sera toujours possible, mais il souligne que les pharmaciens peuvent en délivrer même sans ordonnance jusqu’au 31 mai, y compris pour les produits de substitution ou les somnifères.
« Des gens nous ont proposé de nous ramener des pizzas le soir, de nous ramener de la presse, de faire du bénévolat. On se sent soutenus par la population. »
Docteur Laurent Turi, maison de santé pluridisciplinaire de Gauchin-Verloingt
Le docteur insiste également sur l’élan de solidarité qui s’est mis en place ces derniers jours : « Des gens nous ont proposé de nous ramener des pizzas le soir, de nous ramener de la presse, de faire du bénévolat. On se sent soutenus par la population. La polyclinique nous aide avec le prêt de linge d’hôpital. » Certaines personnes ont fabriqué des masques en tissu qui ont procuré un certain confort à l’équipe ou ont été remis à des patients. Un apport bienvenu, même si le docteur Turi estime disposer de suffisamment de masques pour l’instant : « Nous avons une dotation de l’État pour les masques FFP1. On ne trouve pas beaucoup de FFP2 en France. Il m’arrive de croiser des gens dans la rue avec des FFP2, ce qui n’a aucun intérêt. Ils devraient être conservés pour les soignants. » La maison de santé est donc prête à faire face à l’épidémie qui doit atteindre son pic dans les jours à venir, mais le meilleur moyen de l’endiguer reste le respect des préconisations de l’État : « C’est un événement mondial. C’est avec le civisme, la prudence et la confiance envers les professionnels de santé qu’on arrivera à tordre le cou à cette cochonnerie. »
*ARS : Agence régionale de santé