Vito et White-Spirit, les expériences musicales d’un guitariste en herbe

Tandis que même Sir Paul McCartney s’essaie à l’auto-tune, Victor Ropital entretient la tradition d’une musique viscérale et d’un rock organique. De son adolescence, il a conservé les posters qui tapissent sa chambre transformée en studio et une colère qu’il exprime au travers de sa guitare et de ses compositions. Le jeune homme n’est pas bavard, presque timide, le regard caché par une bataille de cheveux, mais son visage s’anime lorsqu’il évoque sa production musicale. Le guitariste en herbe découvre encore son instrument de prédilection : « Je ne sais plus pourquoi ou comment j’ai commencé. J’avais bien une guitare dans un coin, mais je ne savais même pas l’accorder. Ça fait quatre ans que je joue maintenant. J’ai appris tout seul, en regardant des vidéos sur Internet, puis j’ai découvert un peu la théorie à la fac », retrace Victor, qui a gardé pour nom de scène son surnom du lycée : Vito.

« Je ne fais pas de la musique très joyeuse, j’essaie plutôt de passer un message »

Si ses principales références remontent au siècle dernier, ce musicien de vingt-et-un hivers est totalement en phase avec son époque : la technologie lui permet d’enregistrer et de diffuser sa musique librement, sans autre besoin que l’inspiration. Vito a quelques notions de piano, d’ukulélé ou d’harmonica qu’il ajoute par touches aux boucles rythmiques sur lesquelles il pose ses guitares électriques ou acoustiques. « Quand je tiens un truc bien, je ne le lâche pas. Durant les vacances, j’ai composé pendant six heures sur deux jours. Je travaille sur l’enregistrement d’un album. J’ai envie de tout faire moi-même, sauf la pochette que j’ai confiée à un artiste. Pour l’instant, j’ai huit titres, soit la moitié de l’album. » Le disque devrait sortir d’ici la fin de l’année sous le titre Memento Mori, « Souviens-toi que tu vas mourir ». Un joyeux programme : « Je ne fais pas de la musique très joyeuse. J’essaie plutôt de passer un message de façon implicite ou explicite. Je m’intéresse pas mal à la philosophie. À la fac, en arts du spectacle, j’ai découvert de nouveaux auteurs et artistes, d’autres façons de voir la réalité. » Vito compose et interprète mais ne chante pas, et son album devrait être avant tout instrumental, même si plusieurs de ses morceaux reprennent pour paroles des extraits de films ou de discours. L’artiste utilise également des images de toutes sortes pour monter ses clips qui contribuent à diffuser son message : « Mes derniers titres dénoncent la violence ou l’extrême-droite. Ce n’est pas très original, mais j’essaie de le faire à ma sauce », reconnaît le jeune révolté, suivant les traces de Saez, sa référence pour la démarche artistique, tandis que Jimi Hendrix est son guitariste modèle.

« Le spectacle d’un groupe de rock, c’est autre chose qu’écouter un DJ »

Victor ne se contente pas de composer dans sa chambre. Il collabore avec d’autres musiciens et se produit sur scène, en solo mais aussi surtout avec son groupe, White-Spirit. Le nom n’a évidemment rien à voir avec le suprémacisme blanc : « Lors d’une soirée, on cherchait quel serait l’alcool le plus fort, plus fort que nous. On s’est dit qu’il n’y avait pas plus fort que le white-spirit », sourit le jeune homme. En solo, Vito évolue dans les volutes, mais en groupe, ce sont les vapeurs qui montent à la tête du trio et de ses spectateurs : « On fait une musique plus festive, pour faire danser les gens. On a quelques compositions et on reprend des classiques comme Iggy Pop, Noir Désir, Nirvana, les Black Keys, mais aussi PNL. Avec White-Spirit, la démarche est totalement différente qu’en solo. » Un an et demi après sa création à la fac, le trio affiche une dizaine de concerts au compteur et quelques autres à venir, en Belgique notamment, mais aussi et surtout ce samedi 16 mars au Winston Pub de Gauchin-Verloingt, dans la commune d’origine de Victor : « C’est un super lieu pour faire des concerts. Les musiciens qui jouent sur des instruments, ça se perd : aujourd’hui, la mode est plutôt à la musique électronique. Mais l’authenticité de l’instrument, le spectacle d’un groupe de rock, c’est autre chose qu’écouter un DJ. » Néanmoins, Victor reste très ouvert et puise ses influences aussi bien dans le rock psychédélique des années 60 que dans le rap ou la variété française – Brel, Gainsbourg, mais sans aller jusqu’à Sardou. Le musicien est une éponge qui absorbe tout ce qui lui passe par l’oreille pour régurgiter une musique composite, planante, cérébrale, associant des riffs pop, rock ou reggae à des boucles rythmiques hypnotiques et des soli impétueux. Au fil du temps, ses morceaux ont gagné en maîtrise et en maturité, comme en témoignent ses nombreux clips, ce qui laisse présager de beaux jours à Vito, quelle que sera sa carrière. S’il lui faudra effectivement mourir, à l’instar de Nietzsche, il a bien compris que « sans musique, la vie serait une erreur ». Ad Vito æternam.

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White Spirit en concert au Winston Pub de Gauchin-Verloingt le samedi 16 mars, à partir de 21h. Entrée gratuite.

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