Une nouvelle taxe pour attirer les touristes : la fronde des hébergeurs du Ternois

Le Touquet, Arras, Béthune, Lille… Toutes les grandes destinations touristiques de la région ont instauré une taxe de séjour. Depuis le 1er janvier, le Ternois est une grande destination touristique comme les autres et les hébergeurs du secteur doivent exiger de leurs clients cette nouvelle taxe. Elle a été votée en juin dernier, sans que les acteurs du tourisme local ne soient consultés, ce qui n’a pas manqué de provoquer leur colère. « Nous avons eu une réunion d’information au mois de septembre et nous devions recevoir un courrier dans la foulée, ce qui ne fut pas le cas. La réunion a été tellement houleuse que nous pensions que la taxe serait suspendue et rediscutée », explique Marie-Christine Vion, qui dispose de cinq chambres d’hôtes à Gauchin-Verloingt. Ce n’est que fin janvier, une fois la taxe effective, que les hébergeurs ont reçu un courrier leur expliquant comment payer, ce qui a réveillé leur courroux.

« Au mois de janvier, je n’ai travaillé qu’avec les enterrements »

Absence de concertation, information défaillante, taxe excessive, flou autour de l’utilisation de l’argent… les griefs ne manquent pas. « La taxe est quasiment au même niveau qu’au Touquet. À Stella-Plage, la taxe est moins importante et n’est demandée que du 1er avril au 30 septembre », rapporte Michel Waroquet, qui dispose d’une unique chambre d’hôtes à Troisvaux. « Pour déterminer les tarifs, nous avons réalisé un benchmark (NDR : étude comparative) sur d’autres territoires similaires au nôtre. La taxe est encadrée par la loi, avec un minimum et un maximum », explique Marc Bridoux, qui reconnaît que les acteurs du tourisme du secteur n’ont pas été consultés sur le sujet. La mise en place de la taxe a été confiée à un cabinet privé, Nouveaux Territoires*, qui a estimé qu’il existe « une fréquentation touristique permanente sur le territoire ».

Une analyse qui surprend nombre d’hébergeurs : « Au mois de janvier, je n’ai travaillé qu’avec les enterrements, ironise Marie-Christine Vion. La clientèle est surtout constituée de travailleurs, de personnes qui viennent voir leur famille, mais très peu de touristes. » « Beaucoup de camping-cars stationnent au circuit de Croix. Est-ce que le circuit va être assujetti à la taxe de séjour ? », s’interroge Eric Morvan. Il tient des chambres d’hôtes à Nuncq-Hautecôte et a investi récemment dans une aire pour accueillir les camping-cars : « Je ne demande que six euros par nuit. Pour quatre adultes, la taxe va représenter près de trois euros supplémentaires. » Le président de la communauté de communes rappelle que la taxe doit être payée par les touristes, en plus du prix de la nuitée. Par ailleurs, l’argent collecté sera intégralement utilisé pour développer des actions touristiques. « Nous allons consulter les acteurs du tourisme pour décider des actions à mener. »

« Que va-t-on faire de l’argent ? Construire un nouveau monument historique ? »

Dans un premier temps, la taxe va permettre de financer l’office de tourisme, plusieurs hébergeurs ayant décidé de ne pas verser leur cotisation : « On ne va pas payer deux fois. » Au total, le budget affecté au tourisme représente de quarante mille à soixante mille euros, mais il faudra attendre quelques années avant de connaître l’enveloppe financière véritablement dégagée par la taxe de séjour, selon Marina Soodts qui a travaillé sur la mise en œuvre de la taxe dans le Ternois et les 7 Vallées. « Mécaniquement, ça fait monter le prix, regrette Emmanuel Leclercq, du camping de la Verte Colline, à Teneur. Si les gens viennent ici, ce n’est pas pour le tourisme, c’est parce qu’on a investi pour les attirer. Que va-t-on faire de l’argent ? Construire un nouveau monument historique ? » Pour le gérant du camping, cette taxe est un casse-tête : « Je loue des mobile-homes à l’année, les gens viennent quand ils veulent. Je ne vais pas aller vérifier tous les jours s’ils ont dormi là ou non. » Autre problème soulevé par Susan Fairbairn, des Ballastières à Gauchin-Verloingt : « Des réservations ont été effectuées l’année dernière, j’ai donné des tarifs et maintenant, on me dit que je dois rajouter une taxe. Ce n’est pas correct. » Plusieurs hébergeurs exigent une réunion avec les élus pour évoquer leurs griefs, reporter la taxe, en revoir les montants et la période d’application. Après tout, ça ne coûte rien de demander.

Le site internet mis en place avec toutes les informations pratiques sur la taxe de séjour.

Le compte-rendu des échanges lors du conseil communautaire instaurant la taxe de séjour.

Comparez la taxe de séjour entre les différentes communes sur le site internet des impôts.

* : Le prestataire Nouveaux Territoires qui accompagne la communauté de communes dans la mise en place de la taxe de séjour puis de l’exploitation, a le coût suivant : 8 940 € TTC pour la mise en place de la plateforme WEB, accompagnement de la collectivité, élaboration des documents de communication ; et 4 176 € TTC pour l’exploitation (fonction du nombre d’hébergeurs et du montant que l’on peut potentiellement collecter). Cette prestation est partagée entre le Ternois et les 7 Vallées.

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