Une dizaine de repreneurs identifiés pour Herta : est-ce du lard ou du cochon ?

Trois mois après l’annonce de la mise en vente d’Herta par Nestlé, une dizaine de repreneurs potentiels auraient été identifiés, selon Cathy Apourceau-Poly. La sénatrice du Pas-de-Calais a rencontré ce vendredi une délégation de vingt salariés d’Herta, représentants du personnel et élus syndicaux, afin de faire le point sur la situation et croiser les quelques informations et rumeurs qui alimentent conversations et inquiétudes. « Beaucoup de choses se disent, mais on ne sait rien. J’ai interpellé le ministre Bruno Lemaire sur le sujet au Sénat et j’ai reçu une réponse du PDG d’Herta qui s’étonnait de ma démarche. Il dit qu’il est disposé à me recevoir et à échanger sur le sujet. Tant mieux, je vais donc demander à visiter l’usine et à le rencontrer », annonce la sénatrice. A l’instar des salariés et des habitants du Ternois, elle se pose beaucoup de questions sur l’avenir du site : « Les salariés disent qu’il y a très peu de transparence dans ce dossier. Ils ont appris récemment qu’une dizaine de repreneurs potentiels avaient été identifiés : la liste devrait être communiquée aux représentants du personnel mi-juillet et le nom du repreneur sera connu le 25 juillet. La vente pourrait ainsi être bouclée d’ici la fin de l’année. » Néanmoins, l’annonce semble un peu optimiste selon un militant d’Herta bien informé : « On nous a plutôt parlé de quatre ou cinq repreneurs. Avec la remontée des cours du porc, qui a pris près de 25 % avec la peste porcine qui sévit en Chine, l’activité est beaucoup moins rentable et donc moins intéressante pour les entreprises. »

« Ce qui est anxiogène pour les salariés, c’est le secret des affaires »

Si tout le monde semble confiant sur la pérennité du site de Saint-Pol, fleuron de la marque et qui a bénéficié de plusieurs millions d’euros d’investissement ces dernières années, personne ne sait à quelle sauce Herta va être mangée. « Les salariés souhaitent que le rachat soit assuré par un industriel du secteur et non par des financiers qui ne verraient qu’une rentabilité à court terme, sans s’intéresser à l’activité, estime Cathy Apourceau-Poly. Ils demandent le maintien des emplois et des avantages acquis et s’interrogent sur les investissements à venir. » D’importants investissements ont déjà été consentis sur l’outil de travail, mais le bâtiment de l’usine nécessiterait quelques millions d’euros supplémentaires : « Herta dispose d’une usine en Allemagne qui est sous-occupée. On ne dit pas que l’activité va être délocalisée, mais en l’absence d’informations, on peut tout imaginer, prévient Bertrand Péricaud, assistant de la sénatrice. Ce qui est anxiogène pour les salariés, c’est le secret des affaires et non l’intervention de la sénatrice auprès du ministre. » Cathy Apourceau-Poly compte d’ailleurs continuer ses démarches en demandant une rencontre au ministre de l’Economie avec des représentants des salariés : « On peut ouvrir les portes de Bercy aux salariés, comme on l’a fait voici quelques mois pour le dossier de Bridgestone de Béthune. Il est important qu’ils puissent s’exprimer et que l’Etat ait aussi leur point de vue, pas seulement celui des patrons. On ne va pas lâcher ce dossier et on compte bien réinvestir le secteur du Ternois car on a beaucoup de choses à dire sur Saint-Pol et son territoire. »

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