Entre inquiétudes et volonté de retrouver ses élèves, un enseignant du Ternois confie son ressenti

Tandis que les élus se divisent sur la possibilité ou non de rouvrir les écoles, que les parents s’interrogent sur l’intérêt de renvoyer leurs enfants dans les établissements, les enseignants sont également partagés entre l’envie de reprendre et les difficultés posées par les contraintes sanitaires. Un jeune enseignant du Ternois* nous confie son ressenti sur cette situation inédite. Alors, prêt pour la reprise ?

« Il existe des inégalités importantes et un fossé se creuse entre les élèves. »

« Prêt est un grand mot puisque ce qui nous attend s’avère compliqué à gérer. Depuis deux mois, nous fonctionnons par écrans interposés avec les élèves. Je passe de l’élève en difficulté qui n’a pas d’écran ou Internet, à celui qui a Internet mais pas d’écran, à un autre qui a ce qu’il faut mais trois frères et sœurs de trois niveaux différents, et j’en passe. Il existe des inégalités importantes et un fossé se creuse entre les élèves. Je n’ai aucune nouvelle de certains, d’autres qui m’envoient un mail tous les deux jours – ça se fait plus rare, tout de même. »

« Cette reprise peut être un test pour septembre, si le virus vient à être encore présent sur notre territoire. »

« Nous avons tous envie de nous revoir, besoin de nous retrouver. Ça, c’est sûr. Nous avons un projet en cours d’élaboration pour accueillir les élèves, et un protocole sanitaire qui va nous permettre de prendre les mesures nécessaires pour éviter le contact entre eux. Très peu d’élèves seront présents à l’école – trois ou quatre pour ma classe – puisque la majorité d’entre eux restera à la maison. Il y aura donc toujours du distanciel mais aussi un peu de présentiel. Reprendre comme si de rien n’était est impossible. Travailler de nouvelles notions me paraît impossible également puisqu’il n’y aura pas tous les élèves. Pour moi, cette reprise peut être un test pour septembre, si le virus vient à être encore présent sur notre territoire. Des choses doivent être faites, testées pour être plus serein en septembre. Il faut rassurer nos élèves au maximum, c’est ce que j’essaye de faire déjà via les mails. Mais des questions sur notre responsabilité pénale se posent aussi : si un élève infecté vient à l’école et contamine d’autres élèves, qui est responsable? Moi ? La mairie ? Le gouvernement ? C’est une inquiétude importante. Un élève, selon son âge ou son caractère, peut facilement toucher les autres, être trop près ou autre. On n’aura pas forcément toujours le temps de réagir : les élèves sont spontanés. Des aménagements de temps de classe sont nécessaires et obligatoires pour permettre un accueil sécurisant aux élèves. »

« Si le virus circule au sein de mon groupe et que je contamine mes proches, ce sera sûrement un drame. »

« Pour le moment, je ne sais pas encore si je reprends physiquement cette rentrée puisque je vis avec une personne à risques. Je suis mitigé entre reprendre pour assurer le lien mais avec très peu d’élèves, et ne pas reprendre car moi-même je suis en contact avec une personne à risques. Si le virus circule au sein de mon groupe et que je contamine mes proches, ce sera sûrement un drame. Des questions se posent toujours, nous n’avons pas toutes les réponses. Je suis dans l’attente d’en savoir plus. »

* : notre enseignant du Ternois souhaite garder l’anonymat.

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