Les Salauds de Saint-Pô remettent les masques pour faire revivre le carnaval

« Je ne pensais pas que vous seriez là, avec le covid. C’est qui celui-là ? Je ne le reconnais pas ! » Loin d’être effrayée, cette Polopolitaine de toujours accepte avec plaisir la crêpe et le verre de cidre proposés sur le marché par les carnavaleux, comme chaque veille de Mardi Gras. En 2021, la pandémie avait grandement limité les festivités : pas de crêpes sur le marché, pas de bistrot pour faire chapelle, pas de visite aux aînés… Si des petits groupes avaient été autorisés à barbouiller les vitrines du centre-ville, ce fut à peu près tout. Avec l’allégement des restrictions sanitaires, les carnavaleux ont pu revenir sur le marché de Saint-Pol : « On perpétue la tradition, même si on a de moins de monde que d’habitude. Les vieux de la vieille sont toujours là: on arrêtera de faire carnaval quand on sera au boulevard des Allongés », lance Patrick Sombret.

Les carnavaleux sont revenus sur le marché de Saint-Pol, pour le plus grand plaisir des promeneurs.

La crise sanitaire a brisé la dynamique que les carnavaleux essayaient de relancer ces dernières années et beaucoup n’ont pas pu prendre de jours de congés pour festoyer. De plus, Mardi Gras tombe en dehors des vacances scolaires. Néanmoins, une douzaine d’irréductibles se sont réunis ce lundi matin et ils seront encore un peu plus nombreux pour la grande journée de mardi, qui achèvera le marathon de quatre jours de festivités : plusieurs étaient d’ailleurs à Dunkerque dimanche. Parmi eux, l’inépuisable Jean-Philippe Boivin, qui perpétue la tradition familiale : « J’ai fêté mon anniversaire à Dunkerque ! Je suis né le jour du carnaval, à 9h : mon père s’est assuré que tout allait bien, il a remis son masque pour faire carnaval », raconte celui qu’on appelle “JP” dans le milieu. Sa bande s’est étiolée, comme les autres, et tous ont décidé de se retrouver pour assurer l’animation : « Ce n’est pas simple de se remettre en route après la crise, alors on a décidé de tout faire ensemble. On a toujours le soutien des bars, beaucoup de commerçants jouent le jeu : les gens ont besoin d’animation. On a préparé une trentaine de messages pour les barbouillages », sourit Patrick, prêt à agiter Saint-Pol toute la matinée de mardi. Les carnavaleux ont de l’humour – souvent graveleux et caustique – mais aussi du cœur : ils ont remis le contenu de la tirelire installée au marché au petit Trevor, atteint d’épilepsie, pour que ses parents puissent acheter du matériel médical. Finalement, les carnavaleux de Saint-Pol n’ont de “salauds” que le nom.

Les carnavaleux ont remis leur cagnotte à la famille de Trevor.
Qui se cache derrière les Baladeux de Saint-Pô ?

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