« Ça fait deux fois en moins d’un mois. Le problème, c’est que les égouts débordent et les voitures continuent de passer, ce qui provoque de grosses vagues », constate Marjorie Boudailliez, ce lundi 26 juillet. Derrière le comptoir du Pacha qu’elle a repris en octobre dernier, la buraliste reste impuissante face aux montées des eaux : elle a simplement pu récupérer les boudins de sable qu’utilisaient régulièrement ses prédécesseurs. Un système adopté depuis longtemps par Virginie Nicolas, qui tient la boutique 1, 2, 3 Mode, quelques mètres plus bas : « C’est la troisième fois que ça arrive, en six ans. La première fois, j’avais de l’eau jusqu’au bout du magasin. Depuis, je ne laisse plus rien au sol. »
« Beaucoup pensent que l’eau descend par la rue de Béthune, mais c’est surtout que tout sort des égouts. »
Virginie Nicolas, boutique 1, 2, 3 Mode à Saint-Pol-sur-Ternoise
Cette fois, grâce aux boudins, peu d’eau s’est infiltrée et les clients ont pu vite revenir, une fois la pluie terminée et l’eau évacuée. La commerçante est particulièrement exposée, installée au plus bas de la rue des Carmes et face aux plaques d’égout qui se sont soulevées sur la route, transformant les bouches en fontaines. Chaque véhicule fendant cette mare saumâtre provoque des vagues qui viennent s’écraser sur sa vitrine. « Beaucoup pensent que l’eau descend par la rue de Béthune, mais c’est surtout que tout sort des égouts. Les tuyaux devaient être agrandis pour éviter cela, mais il semble que ce ne soit pas encore le cas. Sans ces remontées, on ne serait pas inondés », estime Virginie Nicolas. Ce constat est partagé par Kévin Dupas, qui tient Au Cœur du Vélo, rue de la mairie : « La meilleure solution serait de revoir les canalisations de Saint-Pol. Toutes les plaques d’égout se sont soulevées, l’eau est passée par la porte d’à-côté puis à travers les murs. Ça faisait comme un tapis flottant ! Heureusement que j’étais là, sinon j’en aurais eu partout dans le magasin : j’ai rempli quatre seaux ! » Après deux heures à écoper et nettoyer, le jeune homme a pu rejoindre son atelier, mais d’autres ont dû baisser le rideau, au moins pour la journée : c’est le cas de Cache-Cache qui a sollicité son assureur, ainsi que de La Malle aux petits trésors, installée rue d’Hesdin début janvier et dont la propriétaire désespère après sa deuxième inondation en quelques semaines, envisageant même de jeter l’éponge. Suite aux intempéries intervenues fin juin, l’état de catastrophe naturelle avait été reconnu pour Saint-Pol-sur-Ternoise, ainsi que pour une dizaine d’autres communes du secteur.
Pour le maire de Saint-Pol, « le nettoyage des réseaux est l’opération la plus urgente à réaliser. »
« Cette fois, vingt-six millimètres d’eau sont tombés en un quart d’heure. On a l’impression que ça arrive de plus en plus souvent », constate le maire de Saint-Pol. Benoît Demagny rappelle que la séparation des réseaux d’eaux usées et d’eaux de pluie a débuté, ce qui devrait à terme limiter les débordements : « Il faudra dix, douze ans peut-être pour bien faire tout cela, prévient le maire. Nous avons vingt-quatre kilomètres de réseaux mixtes, en plus de ceux déjà séparés. Lorsqu’on réalise des travaux importants sur les routes, on en profite pour déconnecter les réseaux, comme c’est le cas en ce moment rue de la Chapelle-Saint-Esprit et place François-Mitterrand. » S’il faudra plusieurs années pour réaliser ces travaux dans toute la ville, des opérations peuvent d’ores et déjà être mises en œuvre : « Je dois justement rencontrer Véolia pour le nettoyage des bouches de canalisations : certaines ont peut-être besoin d’être nettoyées plus régulièrement que d’autres, notamment pour les points les plus bas. Les agents municipaux veillent également à nettoyer les avaloirs au fur et à mesure. Peut-être faudra-t-il envisager d’en installer d’autres. Il faut aussi que les habitants évitent de jeter leurs déchets dans les égouts : on a déjà mis des PV pour ce type de comportement. Le nettoyage des réseaux est l’opération la plus urgente à réaliser. » Le maire de Saint-Pol rappelle également qu’un bassin de rétention va être réalisé par TernoisCom en amont du quartier Wathieumetz : « Les travaux doivent débuter à la fin de l’année et durer deux mois. Ça va bien soulager les habitants de la rue Berthelot. »