« Je ne suis pas venue avec mes bocaux, mais je les prendrai la prochaine fois ! » Pour sa première visite à l’Épicerie d’Aujourd’hui, Corinne est déjà conquise : « Je découvre la boutique, elle était très attendue dans le Ternois. La réduction des déchets, l’écologie, c’est primordial. J’ai un peu de mal avec les grandes surfaces, surtout en ce moment. J’habite en centre-ville, il me suffit de prendre mon panier, mes bocaux et je peux trouver des produits frais. » À peine a-t-elle quitté l’épicerie qu’un autre client entre, lui aussi pour la première fois. « Vous savez comment ça fonctionne ? », demande Charlotte Victor, avant de lui présenter les produits de son épicerie qui ont tous un point commun : ils n’ont pas d’emballage. Le vrac a la cote auprès de tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de la planète : « On trouve surtout ce type de magasin dans les grandes villes, mais les gens en ont marre de devoir faire quarante kilomètres pour pouvoir acheter des produits en vrac. Je veux permettre aux consommateurs en milieu rural de réduire leurs déchets au quotidien et d’acheter de façon plus responsable. »
« J’ai suivi des études de commerce, pour la grande distribution : j’ai commencé par le côté obscur ! »
Charlotte Victor, de l’Épicerie d’Aujourd’hui
Plus qu’un simple commerce, l’Épicerie d’Aujourd’hui est le projet d’une citoyenne qui voulait réenchanter son métier et contribuer à son échelle à la protection de l’environnement : « J’ai eu le déclic en voyant tous les emballages que je jetais à la poubelle. Le fait de devenir maman a aussi joué dans ma prise de conscience. J’ai suivi des études de commerce pour la grande distribution : j’ai commencé par le côté obscur ! Après avoir travaillé chez Auchan, j’étais chez Ikéa mais je ne trouvais plus de sens à mon travail, je me suis demandé si je pouvais faire mon métier autrement. » Alors qu’elle s’intéressait de plus en plus aux questions environnementales et changeait ses habitudes de consommation, Charlotte a mûri le projet d’ouvrir une épicerie en vrac dans le Ternois : « J’ai eu cette idée quand j’ai vraiment commencé à faire attention à ce que je consommais. J’habitais à Boyaval et il fallait aller à Arras, Béthune ou Saint-Omer pour réduire mes déchets. J’ai profité du premier confinement pour vraiment travailler sur le projet. Je ne sauverai pas le monde toute seule, mais ça va permettre à de plus en plus de personnes de s’inscrire dans cette démarche : plus nous serons nombreux, plus nous pourrons avoir un impact sur l’environnement. »
« Quand j’ai sélectionné mes références, j’ai préféré ne pas faire du 100 % bio mais plutôt de privilégier les produits locaux, de saison, souvent en agriculture raisonnée. »
Charlotte Victor, de l’Épicerie d’Aujourd’hui
Le projet de l’Épicerie d’Aujourd’hui va au-delà de la réduction des emballages et propose une démarche cohérente : « Quand j’ai sélectionné mes références, j’ai préféré ne pas faire du 100 % bio mais plutôt de privilégier les produits locaux, de saison, souvent en agriculture raisonnée. Si certains n’existent pas en local, je choisis des produits français ou issus du commerce équitable, comme pour le café ou les cacahuètes. Je travaille avec Terre d’Origine qui ne propose que des fruits et légumes locaux, ce qui me permet de n’avoir qu’un seul fournisseur et intermédiaire. » En tant que consommatrice responsable, Charlotte avait déjà ses fournisseurs qu’elle a repris pour alimenter la partie alimentaire de sa boutique, ainsi que le rayon hygiène au fond du magasin qui propose cosmétiques, lessive, adoucissant, lingettes… Pour les sacs et bavoirs, le créateur local était tout trouvé : Charlotte se fournit auprès de sa couturière de mère.
« Je reste commerçante mais je peux en profiter pour lancer des messages, donner des informations. »
Charlotte Victor, de l’Épicerie d’Aujourd’hui
Évidemment, les contenants sont consignés et les liquides à verser dans des bouteilles, tout comme les huiles, vinaigres et sirops de l’épicerie. Semoule, sel, sucre, fruits secs, céréales, pâtes ou riz sont disponibles en vrac, mais aussi des mélanges apéro, des biscuits, du chocolat et même des bonbons vegan. En revanche, rien n’est issu d’animaux morts : « Je ne mange quasiment plus de viande et encore moins de poisson après avoir vu quelques documentaires. » Charlotte soutient Sea Shepherd qui agit pour la protection des écosystèmes marins : elle a ainsi reversé à l’association une partie de la cagnotte qu’elle avait lancée pour financer son projet. « Je reste commerçante mais je peux en profiter pour passer des messages, donner des informations. Pour moi, c’était important de parler de Sea Shepherd. » Derrière son masque évidemment en tissu, Charlotte a le sourire et s’épanouit pleinement dans sa petite épicerie. Elle exerce désormais une activité en accord avec ses convictions et apporte aux consommateurs du Ternois une alternative avec des produits de qualité et respectueux de l’environnement. « C’est bien pour Saint-Pol d’avoir une boutique comme ça dans le centre, confirme une nouvelle cliente. J’en parlerai autour de moi et la prochaine fois, je viendrai avec mes pots ! »
L’Épicerie d’Aujourd’hui
23 rue des Carmes, 62130 Saint-Pol-sur-Ternoise
Ouverte tous les jours (sauf le mercredi de 9h30 à 18h30) ; le premier dimanche de chaque mois de 9h30 à 12h.
Contact : 0627520596
epicerie.aujourdhui@gmail.com