C’est l’une des plus vieilles maisons de Saint-Pol, dans une rue historique de la ville : d’après la date visible dans la cour intérieure, la bâtisse du 30 rue d’Arras a été érigée en 1739. Elle aurait même été habitée par la mère de Bacler d’Albe, l’émérite cartographe de Napoléon, né le 21 octobre 1761 quelques maisons en contrebas. Clin d’œil de l’histoire, c’est à cette même date, trois siècles et demi plus tard, que la maison acquise par la SCI Bacler d’Albe a rouvert ses volets sur un nouveau projet mêlant art et histoire. « Quand on a su que cette maison était à vendre, on s’est dit que ce serait dommage qu’elle soit transformée n’importe comment. On a constitué un petit groupe d’amis pour la racheter et préserver ce patrimoine », explique l’un des neuf investisseurs ternésiens attachés à leur patrimoine et à leur discrétion. « L’idée était de sauver une vieille maison de Saint-Pol, qui n’a quasiment pas été modifiée au fil du temps. Il s’agit en fait de deux maisons accolées, comme on en retrouve beaucoup dans les vieilles rues de Saint-Pol. Dans l’un des placards, on est même tombé sur des carreaux de faïence datant du Moyen-Âge, sans doute récupérés de l’ancien château. » Une fois l’acquisition faite et la demeure sauvée, il fallait lui trouver une destination : « Mercédes Moraud-Joussé cherchait depuis un moment un endroit pour installer son atelier. On a aussi proposé aux musiciens de Clarenternois de venir y répéter. On a encore une pièce qui pourrait accueillir d’autres activités, j’y verrai bien un écrivain : cette vieille maison doit avoir de bonnes ondes pour l’inspiration ! L’idée est que ce soit un petit lieu qui permette d’avoir des artistes et du bonheur. »

Pour la céramiste Mercédes Moraud-Joussé, c’est effectivement un bonheur d’avoir pu installer son atelier dans un espace étonnamment vaste – alors que l’entrée rappelle plutôt celle d’une maison de hobbit : « C’est exactement le genre de lieu que je cherchais, une vieille bâtisse avec une âme. Le moderne n’aurait pas été adapté à mon activité. Ici, je vais pouvoir organiser des ateliers pour découvrir le travail de la terre », s’enthousiasme la céramiste, en modelant sa prochaine création : une céramique représentant le campanile de Saint-Pol. Dans la salle principale et aux fenêtres, elle expose ses œuvres, parmi lesquelles évidemment le blason de Bacler d’Albe qu’elle avait réalisé pour l’événement Formid’Albe. Néanmoins, si la céramiste peut y organiser des ateliers et exposer ses œuvres, le lieu n’a pas vocation à accueillir le grand public : « C’est un lieu ancien qui n’est pas du tout adapté au niveau de l’accessibilité. Mais on voulait lui redonner vie et pourquoi pas redynamiser cette rue d’Arras : quand on prend le temps de s’y attarder, on voit qu’elle a quelques-unes des plus belles façades de la ville », souligne le copropriétaire – qui partage d’ailleurs sa date d’anniversaire avec Bacler d’Albe. Désormais, les créations de Mercédes et les mélodies de Clarenternois font revivre cette demeure et cette rue historiques, tout en entretenant la mémoire du riche passé de la capitale du Ternois. Peut-être sera-ce même le début d’un nouveau chapitre pour d’autres artistes.




