Neuf postes supprimés à la polyclinique du Ternois : l’amputation de la dernière chance

« Quand on nous a annoncé les licenciements, j’ai pris une claque en pleine figure. » Déléguée syndicale UNSA, Hélène Delattre a appris mi-juillet que la direction de l’AHNAC avait décidé de supprimer neuf postes à la polyclinique du Ternois : « Fin juin, la direction nous a annoncé que les comptes accusaient déjà un déficit important. Pour redresser la situation, il fallait obtenir la subvention de l’ARS, augmenter l’activité des différents services et réaliser des économies, mais on ne nous a jamais parlé de licenciements. » Pourtant, en début d’année, les responsables de l’AHNAC et de la polyclinique assuraient que le transfert de la chirurgie de Saint-Pol à Divion devait permettre de retrouver un équilibre économique dès 2019 – le président du conseil d’administration de l’AHNAC avait même parié dix cravates Snoopy – mais les chiffres ont parlé et, même si la situation économique n’est pas aussi difficile que l’année dernière, elle est loin d’être saine : « Le transfert de la chirurgie a porté ses fruits, mais ne suffit pas pour retrouver l’équilibre économique, reconnaît Laurent De Rycke qui a pris la direction de la polyclinique en début d’année. Nous sommes contraints de prendre des mesures complémentaires pour réduire nos charges. C’est regrettable, on aurait aimé faire autrement, mais c’est indispensable à la survie de la clinique. » C’est également le message que la direction a fait passer aux représentants du personnel, le PDG de la polyclinique ayant même indiqué qu’il s’agissait de « l’année de la dernière chance ».

« Avec ces neufs licenciements, on aura perdu plus de trente postes en moins d’un an »

« Quand on voit les comptes, on comprend que la situation est difficile, mais c’est le résultat des mauvais choix de gestion qui ont été faits au fil du temps. Depuis des années, les salariés ont fait tout ce qu’on leur a demandé, ils ont fait des efforts, sans rien en retour. Malgré tout cela, aujourd’hui, la polyclinique vivote », lâche Christine Obœuf. La déléguée syndicale UNSA est amère : soit la direction avait prévu de supprimer des postes sans en informer les salariés ; soit elle n’a pas anticipé une baisse d’activité suite au transfert de la chirurgie. « Au moment du transfert, vingt personnes ont quitté l’établissement. Depuis, nous avons aussi eu quatre départs qui n’ont pas été remplacés. Avec ces neufs licenciements supplémentaires, on aura perdu plus de trente postes en moins d’un an », calcule Hélène Delattre, qui rappelle que la polyclinique ne compte plus que cent salariés, contre près de cent cinquante voici encore quelques années. Pour l’instant, seuls les postes supprimés sont connus, pas les noms des personnes (sauf celles étant seules à leur poste) : trois agents des services hospitaliers – ASH, deux agents d’entretien, un poste de comptable, un autre à la facturation, un poste d’accueil et le poste de magasinier.

« Dans les services, les salariés ne peuvent pas faire plus »

« Ce sont des postes dans les fonctions supports, ce qui ne changera rien à la prise en charge des patients, précise Laurent De Rycke. Le transfert de la chirurgie a entraîné une réduction de la charge de travail sur certains postes. S’il reste des tâches à effectuer suite à ces neuf licenciements, elles seront absorbées par les salariés en place, en revoyant l’organisation si nécessaire. » Un discours difficile à entendre pour Hélène Delattre et Christine Obœuf : « Dans les services, les salariés ne peuvent pas faire plus. Pour nous, les ASH font partie des équipes soignantes, elles sont intégrées dans les services et apportent une aide précieuse. On a toujours travaillé ensemble, la polyclinique est un établissement familial. » Les deux déléguées syndicales déplorent également que l’établissement licencie du personnel alors qu’il fait toujours appel à des entreprises extérieures pour certaines tâches, notamment le nettoyage des parties communes. De plus, elles soulignent que les neuf postes visés ne représentent que de bas salaires.

« Si la situation ne se rétablit pas, on pourra s’attendre à une fermeture définitive »

Pour 2019, il semble impossible de redresser la situation économique, d’autant que les licenciements vont finalement peser sur les comptes, mais l’objectif serait de retrouver l’équilibre en 2020. « L’activité du service médical est inférieure aux années précédentes, ce qui fragilise la structure économique de l’établissement. Nous allons travailler avec la maison de santé et les professionnels du secteur pour alimenter notre service médical. Depuis le début de l’année, nos deux services de soins de suite – SSR – ont vu leur activité progresser. Par ailleurs, l’Agence régionale de santé – ARS – s’est engagée à financer de façon pérenne l’accueil non-programmé », souligne Laurent De Rycke, pour nuancer la situation. Les déléguées syndicales ne nient pas ces éléments mais ont aussi quelques réserves : « On nous avait prévenu que si l’ARS ne suivait pas financièrement, nous aurions dû tout simplement fermer. Le SSR spécialisé ne pourra fonctionner à plein régime que si nous recrutons un médecin supplémentaire. Si la situation ne se rétablit pas l’année prochaine, on pourra s’attendre à une fermeture définitive. La polyclinique a été dépouillée de ses activités au fil des années, personne ne voudra nous racheter. On nous a vendu du rêve en début d’année et voilà où nous en sommes aujourd’hui. »

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