L’Union commerciale préfère revitaliser le centre-ville plutôt que d’attaquer Leclerc

« Un recours, ça ne servirait à rien », s’accordent les membres de l’Union commerciale du Ternois. Réunis en assemblée générale, ils ont été invités à se prononcer sur la position à adopter face à l’extension annoncée du centre E.Leclerc d’Herlin-le-Sec : « On peut engager un recours, ne rien faire ou dialoguer », a résumé François Binauld. Le président et les membres de l’UCT ont finalement préféré mobiliser leurs ressources pour dynamiser leurs activités, plutôt que de s’épuiser dans un combat perdu d’avance. « De toute façon, l’extension va se faire, mais il ne faut pas non plus s’emballer. L’activité commerciale est tributaire de la population. Ici, on doit raisonner sur dix-huit à vingt mille habitants, au-delà, on tombe sur les zones de Bruay ou Arras », estime Fabrice Consil, gérant des restaurants Catherinette et la Brasserie Saint-Poloise. Le président de l’UCT a rencontré récemment Benoît Lempereur (NDLR : président d’Herlindis qui gère le centre E.Leclerc et porte le projet d’extension) : « Il nous a indiqué que rien n’est arrêté concernant les enseignes qui pourraient s’installer là-haut, qu’il était propriétaire des terrains et qu’il souhaitait les vendre. »

« Quel est l’intérêt de revitaliser le centre-ville si on développe une zone à 1,5 km de là ? »

David Reynat, gérant de Prosport, a également rencontré Benoît Lempereur qui l’a même invité à venir s’installer dans la zone d’Herlin : « Il souhaite avant tout attirer du flux parce que la zone n’est pas assez attractive. Il propose soit d’acheter du terrain nu, soit de louer un magasin. Il invite les commerçants locaux à s’installer à Herlin, mais si ce n’est pas vous qui y allez, d’autres iront. » Néanmoins, David Reynat préfère rester dans sa cellule de la galerie commerciale d’Intermarché, de l’autre côté de Saint-Pol, estimant que le projet de magasin de sport prévu par Benoît Lempereur n’est pas viable compte tenu de la population du secteur : « Si une enseigne comme Décathlon venait s’installer, ce serait complémentaire à mon activité, ce ne serait pas de la concurrence directe, mais nous sommes trop petits pour attirer une telle enseigne. » Selon François Binauld et David Reynat, le patron d’Herlindis serait prêt à accueillir des commerçants déjà installés dans le secteur, plutôt que de développer ses propres enseignes : par exemple, le magasin de parapharmacie prévu dans la zone pourrait être tenu par un pharmacien actuellement installé en ville. Une aberration pour les commerçants : « Quel est l’intérêt d’essayer de revitaliser le centre-ville si on développe une zone à 1,5 kilomètre de là ? » Finalement, chacun choisira où exercer son activité, mais pour tous les membres de l’UCT présents, hors de question de s’exiler sur les hauteurs d’Herlin-le-Sec.

« Aujourd’hui, les gens n’ont plus envie de s’arrêter, ils traversent simplement la ville. »

La survie de leurs commerces passera plutôt par la redynamisation du centre-ville de Saint-Pol : « Les jeunes quittent le secteur car il n’y a pas d’activité, pas de travail, ce qui réduit encore la zone de chalandise », remarque David Reynat, approuvé par Fabrice Consil : « Nous sommes situés sur un axe important, un lieu de passage. Avant, les gens faisaient une halte à Saint-Pol pour y déjeuner ou faire leurs courses. Aujourd’hui, ils n’ont plus envie de s’arrêter et ils traversent simplement la ville. Il y a vingt-cinq ans, il y avait encore de l’animation à Saint-Pol ; aujourd’hui, il ne se passe plus rien. Mais ce que vous avez fait lors du 11 novembre, c’était très bien, ça montrait une belle image du commerce. » Effectivement, le salon des commerçants et artisans a rencontré un joli succès pour sa première édition et tous ont apprécié les échanges entre commerçants et avec les clients. Les animations prévues pour les fêtes de fin d’année pourraient poursuivre cette dynamique : chalets, patinoire, tapis rouge devant les commerces et peut-être même la venue de Mickey et Minnie pourraient inciter les Ternésiens à rester sur le territoire et à faire leurs achats de Noël localement. Les demandes des commerçants ont été entendues par la municipalité, qui n’avait pourtant pas dépêché de représentant à l’assemblée générale de l’UCT, tandis que le candidat déclaré Benoît Demagny n’a pas raté l’occasion de venir se présenter et défendre sa vision : « Il faut relancer une dynamique locale et le commerce est un acteur important. Le centre-ville est le coeur de Saint-Pol et il est hors de question de le laisser mourir et d’avoir une ville dortoir. »

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