En ce mardi 3 septembre, la ville de Saint-Pol a célébré le 80e anniversaire de sa libération du joug allemand. À l’invitation de la mairie, les anciens combattants et leurs drapeaux, l’harmonie de Saint-Pol, les élus locaux et quelques habitants se sont réunis au monument aux morts place de Verdun pour un hommage et un dépôt de gerbe, avant de traverser la route pour un deuxième hommage à la gare dédié aux cheminots. Dans son discours, la maire Danielle Vasseur a retracé les grands moments de l’occupation de la ville et de sa libération. En voici la retranscription :
« L’occupation de la ville a commencé le mardi 21 mai 1940. Vers midi, des éclaireurs, puis des soldats de l’armée allemande s’installent devant l’Hôtel de France et arrêtent des soldats français. Vers 2h du matin, des avions allemands survolent la ville et bombardent le hameau de la Forêt, où quatre-vingts corps de réfugiés sont retrouvés le lendemain. Le Collège communal, rue de la Calandre, et l’hospice sont transformés en hôpitaux : il y a environ deux mille blessés. La gare de Saint-Pol se situe au centre d’une étoile : six lignes desservent les gares d’Arras, Boulogne, Béthune, Lens, Abbeville et Doullens. À côté du trafic de voyageurs, le fret de marchandises pour les Allemands est important : ciment, cailloux, sable, fer, bois, charbon sont nécessaires en vue de la construction d’ouvrages militaires dans le Ternois. Les trains sont confiés au personnel allemand. Le 4 septembre 1943, Saint-Pol subit son premier bombardement : il détruit la banque Adam (actuelle BNP), la prison, une partie du boulevard Carnot et de la gare. Un nouveau raid aérien, le mardi 7 septembre, fait cinquante-sept victimes. Une troisième vague de bombardements a lieu les 16, 22 et 24 juin 1944. Une partie de la population préfère alors quitter la ville et se réfugie dans les villages voisins. Le monde des cheminots à Saint-Pol, fort de quatre cents employés, devient assez rapidement un lieu de résistance. Les résistants sont nombreux : ils sabotent les réparations des locomotives, dévissent des boulons sur les voies ferrées, dans les machines et les wagons. C’est la fin du mois d’août, la tension monte, il faut s’organiser. La ville de Saint-Pol est partagée en trois secteurs par un accord conclu entre les groupes de résistants qui quadrillent la ville. Certains se chargent des installations ferroviaires ; un autre groupe contrôle l’entrée sud ; et le groupe du bureau des opérations aériennes, ne comptant que huit membres, gère la zone nord.
Dans le courant de l’après-midi du 2 septembre 1944, venant de Frévent, une colonne de chars britanniques est arrêtée par un camion anti-chars allemand. Deux gendarmes tentent de désarmer un officier allemand, rue de Canteraine : celui-ci riposte, il est abattu. Pendant ce temps, d’autres gendarmes neutralisent des soldats isolés et les font prisonniers. La situation devient tendue. La population perçoit le bruit des canons et gagne les nombreux abris qui existaient à travers toute la ville. C’est l’anxiété pour tous. Aux premières heures du dimanche 3 septembre 1944, les premiers alliés britanniques font leur entrée rue d’Hesdin, et par la rue de Canteraine et par la rue d’Arras. Les FFI – Forces françaises de l’intérieur – et les gendarmes vont passer à l’attaque. L’opération d’anéantissement des forces allemandes a duré quelques heures. Aidées des groupes de résistance, les troupes anglaises pénètrent dans le centre de la ville. Cernés de tous côtés, les Allemands ne résistent que faiblement. Ils se rendent les uns après les autres. Dimanche 3 septembre, vers 20h, la cité saint-poloise est libérée. Les Allemands eurent environ vingt tués, six cents prisonniers, dont sept officiers capturés. Les FFI et gendarmes n’ont déploré aucune perte, seulement quelques blessés. La population civile est sortie indemne de la bataille. »