Après huit semaines de mobilisation, les derniers gilets jaunes du Ternois abandonnent la lutte, faute de combattants. Ils étaient plus de deux cents le 17 novembre, premier jour de mobilisation d’ampleur. Samedi dernier, à peine une vingtaine se sont retrouvés pour constater qu’ils n’étaient plus suffisamment nombreux. « Ces derniers temps, nous étions une dizaine à rester mobilisés durant la semaine. On espérait être rejoints par d’autres les samedis. Là, ce sont toujours les mêmes qui se retrouvent. Pourtant, on a continué à alimenter notre groupe Facebook, on a distribué des tracts dans Saint-Pol, dans les boîtes aux lettres, mais aussi dans les villages du coin », déplore Hervé Barbe qui s’est investi sans relâche dans le mouvement. Depuis quelque temps déjà, lui et ses camarades de lutte constataient la difficulté d’étoffer leurs rangs, malgré l’esprit positif autour du mouvement qui, de l’aveu même des gendarmes, n’a donné lieu à aucun véritable incident à Saint-Pol. Les gilets jaunes du Ternois faisaient même partie des rares groupes ayant pris la peine de déposer des déclarations de manifestation en préfecture. Plus de filtrages aux ronds-points, plus de marches dans la ville, pas « d’acte 9 » ce samedi. « Chacun est libre de faire ce qu’il veut, de manifester s’il le souhaite, mais pour nous, c’est fini à Saint-Pol. On a regardé ce qui se faisait dans d’autres communes, mais moi, ça me plaît moins. Les gens ne veulent pas ouvrir les yeux. Quand ils se réveilleront, ce sera trop tard et ils n’auront plus que leurs yeux pour pleurer », estime Hervé Barbe. Sa motivation s’est essoufflée, mais sa colère est intacte, comme celle de beaucoup de ceux qui se sont sentis concernés par ce mouvement social inédit. Et personne ne peut dire aujourd’hui ce qu’il adviendra de cette colère dont les braises sont toujours ardentes.
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