Révolté par l’état du monde, Vincent Lindon s’interroge sur le sens de faire du cinéma, alors qu’il a quarante ans de carrière derrière lui et tient toujours le haut de l’affiche. Raphaël Quenard, lui, s’y voit déjà, s’imagine irrésistible auprès de la gente féminine et sa verve ne l’empêchera pas de se faire cancel s’il franchit les limites de la bienséance. Léa Seydoux jongle comme elle peut entre sa carrière devant les caméras et son rôle de mère de famille. Quant à Louis Garrel, il reste le beau gosse, gendre idéal, qui ne se prend pas pour de la merde. Le tableau de ces acteurs n’est pas très reluisant, mais le cinéma fait toujours rêver et pour Manuel Guillot, décrocher enfin un rôle dans un film, avec de tels grands noms est inespéré. À tel point qu’il stresse et bégaye (même lorsqu’on l’interviewe sur le tapis rouge du festival de Cannes).
Évidemment, tout ceci – ou presque – n’est que du cinéma ! Tous ces comédiens jouent des rôles : Guillaume, Willy, Florence, David et Stéphane ne sont pas ceux qui les incarnent. Certes, les acteurs ressemblent à leur personnages – peut-être trop – et il est parfois difficile de distinguer la réalité de la fiction. C’est toute l’idée du réalisateur Quentin Dupieux avec Le deuxième acte : il s’amuse à brouiller les pistes, à retourner le cerveau de ses spectateurs pour les perdre entre les couches narratives. D’ailleurs, si le film évoque à peu près tous ceux qui travaillent sur un tournage, le réalisateur est le grand absent : dans Le deuxième acte, la justification consiste à dire que le film est écrit et réalisé pour la première fois par une intelligence artificielle. Dans notre réalité, Quentin Dupieux reconnaît lui-même qu’il est adepte de l’écriture automatique pour ses créations. Et sa dernière idée était donc de faire un film au vitriol sur le monde du cinéma – ce qui ne pouvait mieux tomber pour l’ouverture du festival de Cannes…
Retrouvez l’intégralité de notre chronique dans le numéro 4 du magazine du Gobelin !
-> Le deuxième acte est à voir cette semaine au Régency !