« On pensait que la prime pouvoir d’achat serait maintenue pour les bas salaires et que la “prime Covid” viendrait récompenser tous les salariés qui ont permis à l’entreprise de poursuivre son activité », explique Stéphane Riffault, délégué Force Ouvrière. Les salariés d’Herta qui ont continué à travailler sur le site de Saint-Pol-sur-Ternoise durant la période de confinement auront bien une prime. En revanche, ceux qui ont poursuivi leur activité en télétravail ou qui n’ont pu se rendre à l’usine pour cause de maladie ou par précaution sanitaire n’auront rien, ils vont même perdre la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat – PEPA – dont tous les salariés avaient bénéficié en 2019. « Nous avons participé ce matin à une réunion du Comité social et économique central en vidéoconférence. A l’ordre du jour figurait une information concernant la décision unilatérale de l’employeur concernant la PEPA 2020. L’année dernière, tous les salariés étaient éligibles à la PEPA. L’an dernier, la prime était de 400 euros pour les plus bas salaires. Elle était proportionnelle à l’échelle des rémunérations, mais concernait tout le monde », rappelle le secrétaire adjoint du CSEC, Olivier Delbé.
« Les salariés en télétravail ou en maladie n’y auront pas droit, alors qu’ils n’ont pas eu le choix. »
Olivier Delbé, secrétaire adjoint du Comité sociale et économique central d’Herta
Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, avait invité les entreprises à verser une prime aux salariés mobilisés durant la crise sanitaire, mais cette prime est en fait greffée à celle mise en place en décembre 2018, suite au mouvement des Gilets jaunes. « La PEPA pouvait être renouvelée pour 2020 et versée jusqu’en août. Elle était toujours en discussion au niveau de Nestlé, mais la crise est venue bouleverser les conditions d’attribution. Les organisations syndicales d’Herta avaient demandé à l’unanimité la reconduction de la PEPA dans les mêmes conditions que l’année dernière », précise Olivier Delbé. Les syndicats n’ont pas été entendu et la direction de Nestlé a décidé de réserver la prime aux salariés présents durant la période de confinement, excluant de fait ceux en télétravail et ceux absents pour maladie. La prime sera de 1000 euros nets maximum et proportionnelle au temps de travail au sein de l’usine entre le 17 mars et le 8 mai, mais ne concernera donc pas tous les salariés, comme le déplore Olivier Delbé : « Les salariés en télétravail ou en maladie n’y auront pas droit, alors qu’ils n’ont pas eu le choix. » Une réflexion partagée par Stéphane Riffault, représentant de Force Ouvrière : « Le message passe très mal auprès des salariés qui étaient en télétravail. Il fallait des gens pour faire les jambons et les Knackis sur le site, mais aussi d’autres pour gérer les paies, les commandes, la logistique. Tout le monde a contribué à la continuité d’activité. Certains salariés en télétravail ont aussi de bas salaires et avaient eu droit à la prime exceptionnelle pour le pouvoir d’achat. S’ils avaient su qu’en restant chez eux, ils allaient perdre cette prime, beaucoup n’auraient pas accepté le télétravail. » Les organisations syndicales ont donc demandé à Nestlé de porter la prime à 2000 euros, comme le permet la loi, et à Herta d’intégrer les salariés en télétravail.