– Mais c’est tout Frévent qui est venu…
– Plus que ça même. Regarde, il en arrive encore !
Lindsay et Crystal n’en revenaient pas : des centaines de personnes ont répondu à l’appel à la marche blanche organisée en mémoire de leur petite sœur Chanel, collégienne de douze ans décédée jeudi dernier à son domicile de Frévent. Pour ses proches, la petite se serait suicidée à cause du harcèlement scolaire. La manifestation visait à lui rendre hommage et à dénoncer l’acharnement dont certains jeunes sont victimes – et d’autres coupables. Quasiment tous les participants avaient enfilé un t-shirt blanc et écrit des messages en hommage à Chanel ou contre le harcèlement : « L’école, c’est fait pour grandir, pas pour souffrir » était le plus repris par la foule rassemblée devant le collège Pierre-Cuallaci où était scolarisée Chanel. « C’était une petite très renfermée. Elle se faisait embêter à l’école, mais on ne savait pas que c’était autant. On commence à savoir certaines choses. Des enfants l’attaquaient beaucoup, se moquaient de son sac qui était original, mais elle ne voulait pas en changer », raconte Lindsay aux médias venus en masse pour couvrir ce drame, qui illustre un fléau de la société.
« Il faut que les établissements parlent du harcèlement aux enfants et pas qu’une fois dans l’année. Les jeunes ne se rendent pas compte du mal qu’ils peuvent faire. Beaucoup de parents doivent changer leurs enfants d’établissement, ce n’est pas normal », a martelé Lindsay aux micros. Elle et sa sœur Crystal ont porté la parole de leur famille et ont pris la tête de la marche qui a emmené la foule sur les lieux qu’avait l’habitude de fréquenter la petite victime, passant par les voyettes depuis le collège pour atteindre la cité de la Blanchisserie où Chanel allait promener son chien, puis remonter les rues d’Hesdin et de Doullens. « J’en ai les larmes aux yeux de voir ça. Ça me retourne », s’émouvait une fréventine en voyant le cortège passer, résumant le sentiment qui a frappé la petite ville depuis l’annonce du décès de la collégienne. La foule a finalement abouti au city-park, derrière la piscine, pour observer une minute de silence en hommage à Chanel : « Merci à tous d’être venus, ça nous touche beaucoup. Il ne faut pas lâcher pour tous les enfants », a conclu Lindsay.
D’autres conclusions sont attendues par ailleurs : celles de l’enquête de gendarmerie pour déterminer les circonstances du décès de Chanel, notamment concernant les suspicions de harcèlement. Dans un communiqué diffusé mardi, le parquet d’Arras précise que « à ce stade, et contrairement à ce qui est relayé par les réseaux sociaux, aucun élément de l’enquête ne permet d’accréditer la thèse d’un harcèlement scolaire ». Il est également précisé que les gendarmes de Frévent se tiennent à la disposition de tous ceux qui auraient des éléments utiles à l’enquête.