La FDSEA bashe Bruno Le Maire pour défendre l’élevage bovin

« Bruno Le Maire tue l’élevage » Le slogan a été tagué sur une bâche déployée devant le centre des impôts de Saint-Pol, ce vendredi matin, au petit jour. « Bruno Le Maire a fait un tweet disant que les protéines végétales émettaient moins de gaz à effet de serre que les protéines animales », rapporte Damien Dupas, secrétaire de la FDSEA du canton de Saint-Pol, dont les membres ont suivi l’opération “coup de poing” coordonnée par le syndicat départemental : huit centres des impôts du Pas-de-Calais ont ainsi été la cible d’agriculteurs qui ont repris le même mot d’ordre. En effet, le ministre de l’Économie et des Finances (et ancien ministre de l’agriculture) affirmait le 17 mai que « 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90% de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales ». « De la part d’un ancien ministre de l’agriculture, c’est inquiétant », déplore Damien Dupas.

Mais ce qui a cristallisé les inquiétudes de la filière bovine, c’est le rapport de la Cour des Comptes qui a souligné, publié le 22 mai, qui a mis en évidence la nécessité de « piloter la réduction à venir du cheptel bovin » pour permettre « à la France d’atteindre les objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre » et estimant qu’une « baisse raisonnable du cheptel bovin pourrait, de fait, facilement être absorbée par des comportements individuels plus vertueux », c’est-à-dire en réduisant la consommation de viande. « En six ans, on a perdu 10 % du nombre de têtes en lait et en viande. Si on nous remet un coup de massue, il n’y en aura plus du tout. On est tout le temps sur le dos des éleveurs, on nous met des normes en plus. On nous oblige à maintenir des prairies, qui sont des puits de carbone, mais sans bovins, on ne voit pas comment faire. Il faut que ces gens sortent de leurs bureaux pour voir ce qu’il se passe sur le terrain », dénonce Damien Dupas. En effet, « sur le terrain », la quantité de bovins a déjà largement diminué depuis les années 80, et la Cour des Comptes rappelle que « à raison de 4,3 milliards d’euros par an, l’élevage bovin demeure, de loin, l’activité agricole la plus subventionnée en France » et que « seules les subventions publiques permettent d’équilibrer les exploitations ».

Si le rapport reconnaît que « les activités des éleveurs rendent d’autres services sociétaux et environnementaux de première importance », il souligne que « le bilan de l’élevage bovin pour le climat est défavorable » et représente « 11,8 % des émissions d’équivalents CO2, comparables à celles des bâtiments résidentiels du pays » : « le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane appelle nécessairement à une réduction importante du cheptel ». Néanmoins, cette réduction se fait au profit de l’importation, le bilan global ne sera pas plus positif : « En parallèle, les importations augmentent et on importe de la “merde” par rapport à ce qu’on produit en France », constate Damien Dupas, qui espère que cette opération coup de poing de la FDSEA du Pas-de-Calais permettra de faire réagir le gouvernement, mais aussi les autres fédérations du premier syndicat agricole de France.


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