« Vous avez un paysage magique. Il n’est pas forcément très connu, mais on y trouve des espaces et un patrimoine exceptionnels. C’est un atout pour attirer de nouveaux habitants, pour l’économie, mais aussi pour tous ceux qui vivent ici et qui peuvent en être fiers », insistait Christophe Lépine, lors de la signature de la convention entre le Conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France et la commune de Blangy-sur-Ternoise. En effet, le village a décidé de confier la gestion de quarante hectares de terres communales, connues sous l’appellation de “Grand Marais” (40 ha) en périphérie et de “Petit Marais” (10 ha) dans le village. Ces espaces présentent une identité paysagère avec des prairies humides, une peupleraie de quatre hectares plantée dans une ancienne tourbière, des zones très humides avec des sources en libre évolution, des haies, des saules têtards où nichent des chouettes… « La faune et la flore peuvent ici s’exprimer pleinement. Notre mission est de préserver cette biodiversité, mais pas de mettre le site sous cloche. Une partie des terres sont exploitées par des agriculteurs, d’autres utilisées par les chasseurs… On souhaite accompagner les communes et les différents acteurs et usagers, pour que tout le monde puisse y trouver son compte, dans l’intérêt de tous. Lier l’activité économique et l’environnement, c’est possible, mais il faut faire quelques concessions », selon Quentin Vanquelef, chargé de mission pour le Conservatoire.

Libellules déprimées, vertigos des moulins et orchidées négligées
Deux ans de travail ont été nécessaires pour préparer cette convention, notamment pour réaliser un inventaire scientifique de la biodiversité présente. La liste est impressionnante – et comporte quelques noms rigolos. Côté flore, quelque cent cinquante espèces ont été recensées, notamment des fougères et des gaillets des marais, des scirpes des bois, des renoncules aquatiques et d’autres à feuilles capillaires. Côté faune, on peut croiser des vertigos des moulins (de minuscules escargots), des bergeronnettes grises et des coucous de la même couleur, des libellules déprimées, des bouvreuils pivoine, des tritons ponctués, des conocéphales des roseaux… Déjà en 2006, la commune avait envisagé un partenariat avec le Conservatoire, ce qui avait donné lieu à un premier inventaire et aujourd’hui de mesurer l’évolution de la biodiversité : ainsi, les orchidées négligées remarquées en 2006 n’ont pas été revues ces dernières années. Cela ne signifie pas qu’elles ont définitivement disparu, mais témoignent de la nécessité de préserver l’existant. « L’important, c’est le travail futur qui sera réalisé pour la préservation de nos marais à long terme », soulignait le maire Michel Massart. Un plan de gestion a donc été élaboré pour la période 2023-2027, avec le conservatoire, la municipalité et les usagers des deux sites. Outre la préservation de la biodiversité, il visera à renforcer l’accessibilité du site au public (notamment au travers du sentier de randonnée qui traverse le Petit Marais), ou encore d’envisager l’abattage de la peupleraie pour retrouver l’ancienne tourbière qui sert de puits de carbone. Avec cette convention, Blangy-sur-Ternoise rejoint la liste des quelque cinq cents sites gérés dans la région par le Conservatoire, liste qui ne demande qu’à s’agrandir, pour le plus grand bonheur des espèces végétales et des animaux humains et non-humains.



