Si Saint-Pol est une « belle endormie », alors Benoît Demagny se rêve en prince charmant et embrasse à quarante-sept ans la politique pour « réveiller la ville ». Après un solennel : « Je suis candidat aux élections municipales à Saint-Pol en 2020 », le prétendant raconte son histoire devant la presse locale, sur laquelle il compte beaucoup pour diffuser son projet, mais aussi faire connaître sa personne. Il admet qu’il n’est pas le plus célèbre des Polopolitains – d’autant qu’il habite Saint-Michel-sur-Ternoise, « de l’autre côté du panneau » – et que, si certains connaissent son nom, son visage reste encore trop méconnu de la population. Alors, pour lancer sa campagne, il se présente seul devant les journalistes et leurs appareils photo, avec un discours bien préparé, une belle histoire où il tient le premier rôle.
Une success story entrepreneuriale et une culture du management
D’abord, Benoît Demagny parle de lui : son enfance à Créquy, son lycée à Arras, ses études d’agronomie à Rennes, son escapade américaine. Puis il détaille son retour au pays pour travailler à la Prospé’ en 1997 et son arrivée à la direction de 2003 à 2014, avant de partir pour assouvir son « besoin d’entreprendre ». Le patron sauve alors une entreprise de métallurgie, une deuxième qui l’appelle à la rescousse, et encore une troisième ! Une success story entrepreneuriale, dans des domaines pourtant bien différents : « Quand je suis arrivé dans la métallurgie, je n’y connaissais rien. Ma force, c’est le management, de faire des projets avec les gens », assure l’entrepreneur. Et même si ses dernières entreprises étaient installées dans le Nord, Benoît Demagny et son épouse ont tenu à rester à Saint-Michel : « On aime trop ce territoire, on ne veut pas le quitter. » Fin du premier chapitre, reste à écrire le second : la conquête de la Belle endormie. Pour cette nouvelle aventure, Benoît Demagny n’est pas seul, même s’il ne dévoile aucun nom : « J’ai une équipe, bien plus large qu’une liste. Ce sont des gens de tous bords, qui veulent s’impliquer. Je souhaite qu’au moins 75 % de mes colistiers soient des nouveaux venus. Si on repart avec trop d’anciens, on va retomber dans les mêmes travers. Dans le monde politique, il n’y a pas assez d’actifs. Je ne dis pas que les anciens font mal les choses, mais ils sont peut-être déconnectés, du monde du travail notamment. » Les colistiers seront annoncés officiellement en début d’année prochaine et rien n’est encore arrêté, notamment pour ceux qui ont un passé politique (lire ci-dessous).
« Je veux que d’ici quinze ans, on connaisse Saint-Pol jusqu’à Paris ! »
Pour l’instant, un seul nom connu est : Benoît Demagny. Il ne dévoile pas non plus son programme, mais il avance quelques grandes lignes : « Je veux remettre Saint-Pol sur la carte. L’évolution de la population est un bon indicateur et lorsque la population diminue, ce n’est pas bon signe. Il faut éviter que les gens partent et en faire venir d’autres. Pour retenir les jeunes, il faut qu’il y ait du boulot sur place, des structures médicales et éducatives. » Le candidat annonce ces trois piliers pour son projet – l’emploi, l’éducation et la santé – auxquels s’ajoutent le numérique et le développement durable. Il cite en exemple Loos-en-Gohelle pour le développement durable ou Arras pour le rayonnement grâce au Main Square Festival : « On pourrait avoir des événements majeurs à Saint-Pol. A l’extérieur, quand on parle de Saint-Pol, c’est la ville à côté du circuit de Croix ou la ville du Mac Do abandonné. Je veux que d’ici quinze ans, on connaisse Saint-Pol jusqu’à Paris ! » Benoît Demagny voit grand, mais n’explique pas comment il compte faire : « Aujourd’hui, je n’ai pas de programme précis, j’ai des idées que je ne veux surtout pas dévoiler pour l’instant. On va collecter des informations auprès des habitants pour construire le programme, on veut mobiliser un maximum d’acteurs. Si les gens ont des idées et de la volonté, la municipalité peut les accompagner. Je veux réveiller les atouts de Saint-Pol, les idées sont sur le terrain. » Ces deux prochains mois doivent permettre à Benoît Demagny d’affiner son programme, d’aller à la rencontre des habitants et de découvrir le monde merveilleux de la politique locale, qui n’est pas toujours un conte de fées.
« Ni Louf, ni Bridoux, je passe au milieu et je fais mon truc »
Actuellement élus dans la majorité municipale, Marc Ricart et Didier Hochart ont annoncé quitter le camp du maire Maurice Louf – pour rejoindre l’équipe Demagny selon un intéressé – mais Benoît Demagny ne garantit pas leur présence sur la liste : « Il faut laisser faire le temps », élude-t-il. En revanche, il coupe court aux rumeurs persistantes évoquant la présence du président de TernoisCom. « Marc Bridoux ne fait pas partie de la liste, ni de l’équipe, il ne participe pas à nos réunions. Sans doute me soutient-il, mais je fonctionne en autonomie. Si je suis élu, la première chose que je ferai, ce sera de renouer le dialogue avec TernoisCom, quel que soit le président d’ailleurs. Ni Louf, ni Bridoux, je passe au milieu et je fais mon truc avec des gens différents qui ont des sensibilités différentes. » Même si le candidat reconnaît avoir rencontré plusieurs élus pour préparer sa démarche, y compris Marc Bridoux – mais pas Maurice Louf. Ni l’un, ni l’autre, mais plus l’un que l’autre quand même.