Impasse décisive pour l’AS Fréventine

La saison 2020-2021 a été finalement arrêtée et l’équipe première de l’AS Fréventine a terminé première de quatrième division de district, après cinq rencontres. Néanmoins, ce n’est pas sur le terrain que se joue l’avenir de l’ASF : un autre match se dispute en coulisses entre la mairie de Frévent et la direction de l’association sportive. En novembre 2020, la mairie a décidé de supprimer la subvention de 9 000 euros versée habituellement aux footballeurs. Vendredi dernier, la présidente de l’ASF, Marie-France Tharsile, a reçu des mains d’un huissier de justice un courrier annonçant que le club doit avoir quitté le stade Charles-Landry au 30 juin prochain. Deux alternatives sont maintenant sur la table : soit le bureau de l’ASF laisse sa place à une nouvelle direction ; soit un nouveau club sera créé à Frévent.

« Puisque le maire ne peut pas agir sur nos statuts, il a décidé de reprendre le terrain et de monter un groupe pour créer un nouveau club. »

Marie-France Tharsile, présidente de l’AS Fréventine

Les relations entre la mairie et l’ASF sont tendues depuis plusieurs années. Déjà en 2014, le maire, Jean-François Théret, avait garé un tracteur devant un des buts pour bloquer l’utilisation du terrain. Depuis, la situation ne s’est pas arrangée et le dialogue est aujourd’hui rompu. Le maire estime que les comptes de l’association sont opaques – « c’est un euphémisme », selon un ancien dirigeant – et que l’image du club, et donc de la ville, est dégradée : « Ils ont perdu un tiers de leurs adhérents en quelques années. Beaucoup de Fréventins ne veulent plus mettre leurs enfants à l’ASF, mais préfèrent des clubs autour de Frévent. La municipalité engage beaucoup d’argent pour le club, je ne le regrette pas, on le fait de bon cœur, mais on veut quand même des résultats », estime Jean-François Théret, qui précise qu’outre la subvention de 9 000 euros, la municipalité débourse plus de 42 000 euros par an pour le poste de gardien du stade et l’entretien des installations. Par ailleurs, il affirme ne pas avoir pu consulter dans le détail la comptabilité de l’association : « La présidente nous a remis une feuille résumant les finances, comme toutes les associations lorsqu’elles demandent une subvention, mais on a demandé les livres de comptes et on les attend toujours. Je me suis rendu avec l’ensemble des adjoints au stade pour en parler avec la direction : la présidente nous a reçus dehors, sans nous donner plus d’éléments. C’est suite à cela que nous avons décidé de ne pas verser de subvention. » De son côté, la présidente assure tenir tous les documents à la disposition de la municipalité : « On a fourni le même dossier que les autres années pour la demande de subvention. La mairie ne nous l’a pas donnée parce qu’elle estimait que nos comptes n’étaient pas clairs. Je leur ai dit qu’ils pouvaient venir au stade, que j’avais les cahiers, les justificatifs, qu’ils pouvaient vérifier, mais personne n’est venu. » D’après Marie-France Tharsile, le maire cherche surtout à placer ses pions au sein du club : « Selon nos statuts, il faut être licencié depuis six mois pour pouvoir entrer au bureau et on nous a demandé de les modifier pour faire venir d’autres personnes. Puisque le maire ne peut pas agir sur nos statuts, il a décidé de reprendre le terrain et de monter un groupe pour créer un nouveau club. »

« Les installations sportives vont rester, d’autres personnes, y compris des joueurs sont prêts à reprendre le flambeau. »

Jean-François Théret, maire de Frévent

En effet, depuis plusieurs mois, le maire a lancé des consultations pour constituer une équipe de direction afin de reprendre l’ASF, voire refonder un club : « Des personnes sont prêtes à diriger l’association. L’objectif n’est pas de repartir de zéro, je ne souhaite pas que les joueurs retombent en D7, au contraire. Mais parfois, il vaut mieux redémarrer sur de bonnes bases. Aujourd’hui, c’est verrouillé, c’est une famille qui tient le club, ils sont tous frères et sœurs : on ne voit ça nulle part ailleurs ! Qu’ils démissionnent et qu’ils laissent d’autres s’occuper du club. Les installations sportives vont rester, d’autres personnes, y compris des joueurs, sont prêtes à reprendre le flambeau. » Une proposition rejetée par Marie-France Tharsile : « Ça fait six ans que je suis présidente, j’ai été trésorière pendant deux ans auparavant. On ne se retire pas, on va garder notre affiliation à la fédération de football. Monsieur le Maire va refaire un club avec les gens qui lui plaisent et ils vont devoir redémarrer en D7. Ce qui fait le plus mal, c’est pour les jeunes. On pourra bien faire des ententes avec d’autres équipes du coin, mais ça ne pourra pas durer, c’est certain. C’est signer la mort de notre club qui a quatre-vingt-dix-sept ans, tout ça pour l’ambition de quelques-uns. »

« Tous ceux qui aiment l’ASF feront en sorte de sauver le club, de trouver un terrain d’entente. »

Pierre-Étienne Dulary, joueur senior à l’AS Fréventine

La présidente et le maire campent sur leurs positions et la conciliation semble aujourd’hui impossible : « Ils doivent comprendre qu’il faut changer la politique du club pour attirer de nouveau les jeunes Fréventins, estime Jean-François Théret. On a été reçu dehors comme des chiens, seule la présidente était présente, le bureau ne s’est même pas déplacé. Je ne souhaite plus dialoguer. Il est trop tard, c’est trop verrouillé. » Pourtant, le dialogue est l’unique solution pour que l’ASF survive et espère fêter son centenaire. Pris entre le bureau du club et la municipalité, ce sont près de cent cinquante licenciés qui pourraient faire les frais de ces règlements de comptes. Là aussi, les joueurs sont divisés, mais restent attachés à leur blason, comme le résume Pierre-Étienne Dulary qui évolue parmi les seniors de l’ASF : « Les avis sont partagés mais beaucoup souhaitent quand même du changement.  Le principal problème est de régler le différend entre la mairie, la présidente et ceux qui veulent reprendre la présidence. J’espère qu’ils trouveront un accord. Je ne veux surtout pas repartir de zéro et perdre mon club d’enfance et de cœur. Tous ceux qui aiment l’ASF feront en sorte de sauver le club, de trouver un terrain d’entente et une bonne alternative pour tout le monde. On ne lâchera pas l’affaire ! »


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