Chouettes et hiboux sont en voie de disparition, mais six espèces nichent encore dans le Pas-de-Calais. « Dans le Ternois, on peut croiser des chouettes hulottes qui nichent dans les cavités des arbres ou des chouettes effraies qui s’établissent dans les vieux bâtiments, comme les clochers ou les granges. On peut les entendre encore en ce moment. Elles chantent pour délimiter leur territoire ou pour trouver un partenaire durant la période de reproduction », explique Charlotte Vion. Animatrice de la première nuit des rapaces nocturnes à Saint-Pol, la jeune femme travaille pour la Ligue Protectrice des Oiseaux et s’efforce de sensibiliser le grand public à la vie des volatiles et à leur protection. Avant d’emmener les chasseurs pacifiques à la rencontre des rapaces, Charlotte Vion a exposé comment vivent – et meurent – les hiboux et chouettes du département. Pour mieux connaître leur mode de vie, une douzaine de biologistes improvisés de tous âges ont décortiqué avec minutie des pelotes de réjection, récupérées par l’animatrice de la LPO. L’objectif était de retrouver les restes des animaux qui composent les menus des rapaces, notamment des ossements de mulots et de campagnols – qui se distinguent par leur dentition.
Des populations décimées par les pesticides, l’arrachage des arbres et les chocs routiers
« Une chouette peut manger jusqu’à soixante mille campagnols au cours de sa vie. Elle peut être un allié précieux pour les agriculteurs », souligne Charlotte Vion. Mais les rapaces ne sont pas récompensés de leur travail, au contraire : « Avec les pesticides et les raticides, les rapaces trouvent de moins en moins de nourriture ou s’empoisonnent lorsqu’ils mangent des rongeurs ou des insectes. La diminution des populations de rapaces est aussi liée à la modification de leur habitat : l’arrachage des haies, l’abattage des arbres, la disparition des arbres têtards ou des vergers, mais aussi la rénovation et la fermeture des vieux bâtiments, notamment des églises. Les chocs routiers sont aussi dévastateurs, notamment pour les chouettes effraies qui chassent au bord des routes », détaille l’animatrice dont l’organisation pose des nichoirs, y compris dans les clochers, pour offrir de nouveaux habitats à leurs protégés. Chouettes chevêche, hulotte et effraie, hiboux des marais, moyen ou grand-duc ont été présentés avec leurs habitudes, leur habitat et leur chant spécifique à un auditoire qui s’est étoffé petit à petit. Ils étaient ainsi une vingtaine, oreilles aux aguets, à se lancer à la recherche des rapaces dans le parc du château et sur le mont, où les chouettes chanteront peut-être encore longtemps grâce aux actions de la LPO et surtout des habitants qui connaissent maintenant un peu mieux la vie des rapaces nocturnes.
Pour connaître les actions et rendez-vous de la Ligue protectrice des oiseaux : https://pas-de-calais.lpo.fr/