Plus de deux cents jeunes du Ternois sont entrés dans la légende du Cheval Blanc

« Disparition inquiétante de vingt-cinq personnes de moins de trente ans à Saint-Pol-sur-Ternoise » Collégienne en 5eF à Salengro, Adèle témoigne : « Ma famille et moi habitons à Saint-Pol, près du bois de Saint-Michel. Ma sœur a été attirée par une musique venant de la forêt. J’ai jeté un coup d’œil pour savoir d’où venait la musique et j’ai vu un cheval avec vingt-quatre personnes sur son dos. Sur ce cheval blanc, il y avait trois de mes amis. » D’après les premiers éléments de l’enquête, la sœur d’Adèle et ses amis n’auraient pas été très sages, d’où la venue de ce « cheval blanc à crinière de feu », qui serait d’ailleurs rien de moins que « le maître des enfers » ! C’est en tout cas la version de la classe de 5eF de la légende du cheval blanc, l’une des principales figures du folklore du Ternois.

« Les collégiens sont allés au cimetière, au parc du château, au square de Warstein qui serait d’ailleurs le lieu où habite le cheval blanc et où il noie les enfants »

Nicolas Genestin, artiste en résidence dans les établissements scolaires de Saint-Pol

L’artiste Nicolas Genestin a fait découvrir cette histoire à plus de deux cents élèves du collège Salengro et de l’école La Fontaine, lors d’une résidence artistique de six semaines. « En faisant des recherches sur Saint-Pol, je suis tombé sur cette légende, qu’on retrouve dans la culture nordique sous le nom de “kelpie”. J’ai partagé ce conte avec les élèves et je leur ai demandé de réécrire l’histoire, de dessiner ce cheval, d’imaginer comment il pouvait capturer les enfants, où il habite », détaille l’artiste, qui s’est adapté à son public. Les plus jeunes ont travaillé autour du dessin, de l’écriture, de l’alphabet musical et ont monté un spectacle en costumes. Pour les quatre classes du collège impliquées, cette légende a été un support pour étudier différentes matières (français, théâtre, musique, dessin ou même les mathématiques pour modéliser la fantastique créature), mais aussi pour redécouvrir leur environnement : « Ils sont partis en exploration dans Saint-Pol pour prendre des photos. Les collégiens sont allés au cimetière, au parc du château, au square de Warstein qui serait d’ailleurs le lieu où habite le cheval blanc et où il noie les enfants », rapporte Nicolas Genestin, qui a également découvert ainsi la capitale du Ternois, où il n’avait jusqu’alors jamais mis les pieds.

Les plus petits ont incarné, en costume, le cheval, les petites victimes, la rivière, ainsi que les abeilles qui sauvent les enfants, dans leur version.

À partir des recherches des élèves et surtout des créations issues de leur fertile imagination, l’artiste a écrit une nouvelle version de la légende et l’a mise en scène : les plus petits ont incarné, en costume, le cheval, les petites victimes, la rivière, ainsi que les abeilles qui sauvent les enfants, dans leur version de l’histoire. Les collégiens ont également joué devant leurs camarades leur propre adaptation de la légende. Les 5eF ont opté pour le mode du journal télévisé, avec l’annonce de la disparition de vingt-cinq jeunes, le détail de leurs méfaits, des témoignages, mais aussi une reprise du mythe de ce croque-mitaine, dont le dos s’allonge pour accueillir les enfants pas sages qu’il noie ensuite dans la rivière. « Les élèves se sont vraiment approprié cet imaginaire, remarque Nicolas Genestin. C’est devenu un jeu pour eux, le cheval blanc est à nouveau une menace pour les enfants pas sages ! » D’ailleurs, dans le patois local, le “cheval blanc” se disait “ch’gvo blanc”, et le nom a continué à dériver jusqu’à devenir “ch’goblin”. D’ailleurs, la menace place toujours et, comme il se disait à Saint-Pol au XVIIIe siècle : « Gare a ti, v’lo ch’goblin ! »


Si vous ne connaissez pas encore la légende du Gobelin du Ternois, la voici contée par les Baladins des Temps Jadis :


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