Total Recall : cent baffes et un Mars

GGGGGG : culturissime 

Longtemps associé à un pur divertissement populaire, le cinéma de genre a souvent été considéré comme l’enfant illégitime d’un cinéma d’auteur plus intellectuel et élitiste. Centré sur des thématiques alors peu explorées (science-fiction, fantastique, horreur…), le cinéma de genre a acquis peu à peu ses lettres de noblesse grâce à des œuvres profondes (Psychose ; La planète des singes ; 2001, l’odyssée de l’espace…) et des réalisateurs visionnaires (Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, Andreï Tarkovski…) soucieux de rompre avec les codes établis. Progressivement, les films de genre ont commencé à être pris au sérieux, jusqu’à devenir incontournables dans les années 80. Au cours de cette décennie, empreinte d’une certaine liberté créatrice, l’industrie cinématographique a été bouleversée par des films spectaculaires, mais aussi subversifs. Digne représentant de ce phénomène, Paul Verhoeven a marqué cette époque avec, entre autres, une trilogie de films de science-fiction qui deviendront cultes : RobocopTotal Recall et Starship Troopers.
Dans Total Recall, libre adaptation de la nouvelle de Philip K. Dick, We Can Remember It for You Wholesale (Souvenirs à vendre en français), Paul Verhoeven nous envoie en 2048, au côté de Doug Quaid (Arnold Schwarzenegger) qui fait inlassablement le même cauchemar : lui et une femme, qu’il ne connaît pas, se retrouvent sur le sol de Mars, privés d’oxygène. Obnubilé par ce songe, Doug décide de se rendre chez Rekall, un laboratoire qui promet à ses clients de réaliser leurs rêves grâce à un appareil de réalité virtuelle. Rien ne se passe comme prévu et ce qui devait être un moment de détente réveille chez Doug des souvenirs bien réels d’un séjour sur Mars, à l’époque où il était un agent à la solde de Cohaagen (Ronny Cox).
Verhoeven parvient, avec une aisance déconcertante, à mettre en scène une œuvre brutale et totalement hallucinée. Total Recall nous plonge dans un rêve éveillé, où le vrai se confond avec le faux, où la réalité n’est souvent qu’une question de point de vue. À grands coups de scènes chocs, souvent inattendues, le réalisateur questionne notre rapport à l’autorité dans une société qui nous modèle pour mieux nous utiliser. Adepte d’une certaine violence visuelle (mais jamais gratuite), il utilise l’image pour dénoncer une oppression qui s’impose insidieusement à chaque individu. Bien que décrié, Total Recall reste une œuvre culte dans laquelle personne n’est réellement ce qu’il prétend être.

Prochaines séances au Régency.

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