The Dead don’t die : rien ne sert de courir

PPPPPP : morts de rire

La véritable réussite de The Dead Don’t Die est d’avoir permis à un film de zombies de figurer en compétition officielle et, surtout, en ouverture du Festival de Cannes. Avec « un casting à réveiller les morts », le réalisateur Jim Jarmusch s’est offert un petit plaisir personnel de cinéma en triturant les codes du film d’horreur en tous sens, pour aboutir à une comédie qui n’a pas grand-chose d’effrayant. Généralement, lorsque des zombies apparaissent, il est de rigueur de courir. Pas dans la petite bourgade de Centerville où les placides habitants accueillent avec une horreur contenue l’arrivée de morts-vivants. Trois policiers et une thanatopractrice-samouraï vont affronter sans se presser la horde de zombies, en prenant le temps de bien poser leurs blagues, voire de les répéter. « Ça va mal finir », annonce régulièrement l’excellent Adam Driver dont la nonchalance n’est dépassée que par celle de Bill Murray, vêtu d’un uniforme taillé pour lui. Leurs deux homologues féminines apportent un peu plus d’animation : la policière (Chloé Sevigny) semble être la seule à vraiment céder à la panique, tandis que Tilda Swinton découpe au sabre, sans sourciller, les zombies sur son passage. Côté zombies, notons la présence d’un Iggy Pop plus vrai que nature qui a dû moins coûter en maquillage qu’en café. Morts et vivants avancent dans l’histoire à la même lenteur, laissant le temps de remarquer toutes les références glissées par le réalisateur à la pop culture et au cinéma – notamment à celui de Jim Jarmusch. D’ailleurs, ce dernier prend bien le soin de préciser aux spectateurs qu’il faut « faire attention aux détails » : ça occupe, lorsqu’il ne se passe pas grand-chose à l’écran. En fait, Jim Jarmusch fait ce qu’il veut, s’offre même quelques mises en abyme et scènes burlesques, avec un ensemble très épuré, des dialogues aux décors, jusqu’à la bande-originale constituée d’un seul et même titre joué en boucle : The Dead Don’t Die. Rien de tout cela n’est fait pour créer un climat de peur, mais plutôt de connivence, si on se laisse prendre au jeu. En revanche, le message vaguement politique dénonçant l’Amérique de Trump, le consumérisme jusqu’après la mort, ou la catastrophe écologique, est un peu facile, presque bien-pensant, pour ce punk qui veut casser les codes. Néanmoins, ces quelques éléments servent le scénario et ne gâchent rien au plaisir de voir l’imperturbable duo Murray-Driver déclamer ses blagues à répétition et dégommer des zombies sur fond de musique country.

Prochaine séance au Régency.

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