GGGGGG : une tuerie
En 2012, John C. Reilly propose à Jacques Audiard de lire le roman de Patrick Dewitt dont il détient les droits. Le réalisateur français est alors déjà pris par Dheepan, et ce n’est qu’en 2018 qu’il connaîtra sa première expérience américaine avec Les frères Sisters.
Charlie Sisters (Joaquim Phoenix) et Eli Sisters (John C. Reilly) sont tous deux à la solde du Commodore, pour qui ils traquent et tuent aussi bien criminels qu’innocents. Les deux cowboys se voient confier une chasse à l’homme qui va les mener de l’Oregon à la Californie. Leur traque, véritable parcours initiatique, éprouvera tout ce en quoi ils croient.
Le film se construit comme un western classique (de grands espaces, une traque, le goût de l’aventure…), mais rapidement, on comprend que Les Frères Sisters va bien plus loin. Ne négligeant jamais ce qui fait l’essence d’un western, le film centre son intrigue sur ses personnages principaux, à la fois complexes et emplis d’humanité. Avec un casting de folie, il nous plonge dans le far west comme jamais auparavant et réussit à faire le lien entre film d’auteur et western, tout en restant digne des plus grands classiques : ici, pas de grand héro, sauveur de la veuve et de l’orphelin, mais des personnages torturés, aspirant à mener une vie paisible, et cherchant un but à leur existence. Même si ce traitement original pourra déstabiliser les adeptes du genre, on n’en reste pas moins scotchés au siège dès la surprenante première scène.
Outre les choix de réalisation, marqués par la patte si distinctive d’Audiard, les images sont magnifiques et le rendu de la vie de l’époque est grandiose. On se perd volontiers dans cette aventure humaine et dans ce qu’elle peut avoir de violent et de beau. Comme à son habitude, Jacques Audiard livre un film sans concession qui parle avant tout de l’homme, de ses travers, de ses doutes et de ses aspirations. Il réussit à s’approprier les codes du western en y ajoutant sa patte teintée de noirceur et encrée dans le réel. Du grand art.
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