GGGGGG : excaliburnes
Véritable parcours initiatique centré sur l’accomplissement d’une quête sacrée pour repousser les ténèbres, le tout gravitant autour d’une histoire familiale et amoureuse dramatique, le mythe d’Arthur fascine depuis le Moyen Âge. Avec de nombreux rebondissements et des possibilités scénaristiques quasi-inépuisables, il n’est pas étonnant que le monde du cinéma se soit rapidement intéressé à ce récit.
En 1953, Les chevaliers de la table ronde marquait le début d’une longue suite d’adaptations qui va progressivement ancrer le mythe d’Arthur dans le cœur de nombreux cinéphiles. Ainsi, depuis plus d’un demi-siècle, chaque génération a le droit à une nouvelle lecture : en 1964, Disney proposait une version animée loufoque et pleine d’humour, avec Merlin l’enchanteur ; en 1967, Camelot revenait sur un cinéma plus classique, surfant sur la vague des grands films d’aventures de l’époque ; en 1975, les Monty Python et leur Sacré Graal réussissaient avec brio à parodier cette histoire ; et en 1981, John Boorman, ne parvenant pas à obtenir les droits du Seigneurs des Anneaux, se rabattait sur une nouvelle adaptation du mythe avec Excalibur.
Véritable chef-d’œuvre, ce film marque un tournant dans ce qui avait pu se faire jusque-là. Ici, les héros sont tourmentés, ne sont jamais bons ou mauvais et le monde dans lequel ils évoluent est sombre, brutal, parsemé d’embûches et de mystères.
Boorman, en choisissant de centrer son récit sur les propriétaires de l’épée de pouvoir (aka Excalibur), nous fait voyager sur deux générations de Pendragon (Uther et son fils Arthur) qui vont bouleverser leur époque en posant les bases d’un pouvoir éclairé, dans le but de sortir l’humanité des ténèbres.
Avec une réalisation audacieuse pour l’époque, qui ne laisse pas de place au hasard, Excalibur est une œuvre crépusculaire, qui s’inscrit en figure de proue des grands films d’heroic-fantasy tel que Legend, Willow ou encore Conan, le barbare.
La mise en scène est inventive et certains plans, d’une beauté absolue, coupent le souffle. Les images sont pleines de sens et permettent au film d’accentuer son propos tout en gagnant en profondeur. La musique et le travail sur l’image sont d’une finesse et d’une intelligence sans faille. L’ensemble se montre brutal, violent, mais également, à certains moments clés de l’histoire, poétique, voire mystique.
Le jeu des acteurs, très théâtral, colle parfaitement avec le ton du film et finit de faire exister cet univers où la notion de héros ne va pas de soi et se mérite par le sacrifice.
Même si on peut reprocher au film de mettre en avant une certaine morale chrétienne, cette vision fait sens si l’on fait l’effort de prendre du recul avec l’histoire qui nous est contée. En nous offrant une œuvre majeure de l’histoire du cinéma, Boorman réussit à proposer un film aux multiples lectures qui a marqué son époque et qui, près de quarante ans plus tard, porte encore un souffle épique comme rarement Hollywood a su nous en proposer, en particulier au sujet de l’histoire d’Arthur. Malgré les nombreuses variantes qui ont pu se succéder depuis 1981, aucune n’est parvenue à renouer avec la profondeur et le mysticisme qui se dégagent d’Excalibur. Cependant, et toute raison gardée, il faut bien avouer que récemment une bande-annonce est venue titiller le fan de la table ronde qui sommeille en chacun de nous : ce qu’on n’attendait plus est sur le point d’arriver dans nos contrées dès le mois de juillet prochain, avec la première partie du film Kaamelott d’Alexandre Astier.
Prochaines séances au Régency.