GGGGGG : net plus ultra

Entre engagement et grosse marrade, le style décalé et humaniste de Kerven et Delépine surprend et fascine toujours autant. Avec leur neuvième réalisation, les compères du Groland frappent à nouveau très fort en s’attaquant aux GAFA. Pour ce faire, ils nous font pénétrer le quotidien de Marie (Blanche Gardin), Bertrand (Denis Podalydés) et Christine (Corinne Masiero), habitants d’un petit quartier du nord de la France. Ces trois voisins vont s’unir pour surmonter les problèmes qu’ils rencontrent avec Internet.
Dans la même lignée que I feel good, Effacer l’historique nous présente une bande de losers magnifiques, plus attachants les uns que les autres. Naïve mais au grand cœur, la petite bande va se retrouver par la force des choses confrontée aux aspects les plus sombres d’Internet.
Ici, pas de grand discours sur la neutralité ou la gestion de la toile, mais une histoire humaine centrée sur l’impuissance de l’humain face à une société ultra connectée et mondialisée, où chaque jour apporte son lot de bad buzz et de stars éphémères.
Avec une importance toute particulière accordée à la place de l’individu dans un monde qu’il ne comprend plus, Effacer l’historique réussit à dénoncer les dérives d’un système nébuleux, à la fois magnifique et dangereux. Sans jamais tomber dans la caricature facile, la nouvelle réalisation de Kerven et Delépine surprend par son ton et sa faculté à taper là où ça fait mal.
Avec des personnages savoureux, un ton acerbe et léger, Effacer l’historique n’évite cependant pas certains pièges. Son intrigue, même si plutôt bien pensée, se prend parfois les pieds dans le tapis, à cause d’un montage un peu confus, qui pourra en perdre certains. Malgré tout, Effacer l’historique propose une vraie dose de rires et de surprises, pour notre plus grand plaisir.

Prochaines séances au Régency.