GGGGGG : ollie shit !
Pour son premier passage derrière la caméra, Jonah Hill, plutôt habitué des comédies potaches, voire absurdes, se tourne ici vers le drame et l’intime. Même si 90’s ne se veut pas autobiographique, le réalisateur concède volontiers s’être largement inspiré de sa propre expérience pour donner de l’authenticité au récit.
90’s nous propose donc de découvrir Los Angeles sur une planche de skate, avec Stevie (Sunny Suljic), jeune de treize ans introverti, qui tente de se construire et de trouver sa voie. Entre une mère célibataire (Katerine Waterston) et un grand frère tyrannique (Lucas Hedges), le quotidien de Stevie est plutôt morose, mais tout va changer lorsqu’il rencontre une bande de skateurs qui décident de prendre Stevie sous leur aile.
Véritable plongée dans les années 1990, le film nous transporte en 1995 et nous fait voyager entre nostalgie et mélancolie. Entièrement tourné en 16 mm et en format 4:3, comme à l’époque, le film est marqué par ce grain d’image si spécifique à cette décennie. Ce souci de retranscrire l’époque dans les moindres détails passe également par une bande originale parfaite, où on retrouve notamment Gravediggaz, Herbie Hancock, GZA, Cypress Hill ou encore Nirvana et les Pixies.
90’s dose parfaitement les aspects dramatiques de son histoire, en contrebalançant avec des moments plus légers, ce qui contribue à donner du corps et de la crédibilité à l’ensemble. On se laisse porter de bout en bout et il n’est pas rare de se faire surprendre. Jonah Hill construit son film comme un moment d’histoire de vie, où les enjeux de l’adolescence (l’acceptation et l’affirmation de soi, la construction identitaire, l’émancipation…) s’apparentent à une aventure humaine, semée d’embûches et d’épreuves à surmonter.
90’s s’inscrit dans la digne lignée des films de Richard Linklater (Slacker, Génération Rebelle, Everybody Wants Some !!, …), véritable référence quand il s’agit de capter l’état d’esprit d’une génération et d’une époque. Même si la fin, relativement abrupte, laisse un petit sentiment d’inachevé, 90’s est une excellente surprise et mérite le détour.
Prochaines séances au Régency.