GGGGG : parcours du cœur
Avec 120 Battements par minute, le réalisateur Robin Campillo (lauréat du Grand prix du jury au dernier festival de Cannes) revient sur ses années de militantisme au sein d’Act Up, au début des années 90. Alors que le sida tue depuis presque dix ans, les militants d’Act Up multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale. C’est dans cette atmosphère que Nathan (Arnaud Valois), nouveau venu dans le mouvement, va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart).
Avec une réalisation quasi documentaire, donnant au spectateur le sentiment d’être aux côtés des personnages, le film ne s’interdit rien. Alternant entre des plans caméra à l’épaule et d’autres plus posés, il nous fait suivre ses protagonistes dans leur combat citoyen.
Robin Campillo saisit à la perfection l’état d’esprit révolté de l’époque et réussit avec brio à retranscrire la vie du mouvement. Le film met en avant les difficultés pour Act up à se faire entendre dans une société marquée par le puritanisme et l’incompréhension. Les personnages et les scènes de débats, d’un réalisme hallucinant, sont sans conteste la grande réussite du film.
S’ouvrant sur une première partie s’intéressant aux idées et actions menées par Act Up, le film se meut peu à peu en réel drame humain à travers le personnage de Sean, bouleversant. Jamais dans la caricature, les acteurs sont à leur plus haut niveau et participent à donner du corps à l’ensemble.
Témoin d’une époque, d’un combat, brut dans sa manière de poser les choses, 120 Battements par minute est un film qui marque. À l’heure où la “manif pour tous” se positionne contre le mariage homosexuel et où les salles de shoot sont encore mal acceptées, il nous rappelle que le combat pour la compréhension et l’acceptation est encore loin d’être gagné.
Prochaines séances au Régency.