Alors que soixante musiciens s’éclatent à reprendre Shoot to Thrill d’AC/DC, Émilie Daniel reprend son souffle derrière la table de mixage, au milieu de la foule qui a envahi le stade de Valhuon. Le concert événement est lancé et la présidente de Rock’in Villages peut enfin savourer le moment. Les derniers jours ont été particulièrement stressants, notamment avec un problème de scène qui n’a été résolu que la veille grâce à des agriculteurs du coin. Mais la solidarité à l’œuvre au sein de l’association et la mobilisation de dizaines de bénévoles a permis de faire face à toutes les difficultés et à 19 heures, lorsque la masse de spectateurs a commencé à envahir la pelouse, tout était prêt : la scène, les lumières, les enceintes, les buvettes, la sono, les bénévoles et surtout les musiciens. Venus de toute la France, les chanteurs, guitaristes, batteurs, claviéristes, et mêmes bassistes avaient revêtu leurs habits de lumière pour reprendre vingt-cinq morceaux des plus grands noms du rock, des sixties (Beatles, Rolling Stones, Bowie) à nos jours (Linkin Park, Bruno Mars), en passant évidemment par Jon Bon Jovi. Téléphone, Trust et feu Johnny ont représenté la chanson francophone.
Au milieu de ces artistes de légende s’est glissé un petit nouveau : Yann Daniel, le bassiste par qui tout a commencé quand il a rejoint l’aventure de Rockin’1000 au stade de France en 2019, où il avait joué avec 999 autres musiciens des standards du rock. Un souvenir inoubliable, il a d’ailleurs avoué sur scène avoir essuyé quelques larmes en repassant près du stade. Outre l’événement Rock’in Villages, cette expérience lui a aussi inspiré le titre We are thousand que ses cinquante-neuf comparses ont interprété sur la méga-scène, devant plus de deux mille sept cent spectateurs. Venus du Ternois et au-delà, ils avaient pour beaucoup profité de l’occasion pour arborer le t-shirt de leur groupe préféré – dont un titre avait de bonnes chances d’être réinterprété par la horde de musiciens de Rock’in Villages. Évidemment, ça ne valait pas les versions originales, le son était brouillon, les fins de morceaux parfois approximatives, mais le spectacle était bien là et le défi de jouer ensemble aussi nombreux a été parfaitement relevé. La foule en a pris plein les yeux et les oreilles, les cinquante artistes et dix batteurs s’amusant follement sur la scène et partageant leur bonheur avec leurs comparses et spectateurs. Après deux heures enflammées, les musiciens ont posé leurs instruments pour conclure leur voyage en chantant Space Oddity. Néanmoins, Valhuon n’était qu’une étape dans l’aventure musicale d’Émilie et Yann Daniel, ainsi que pour tous les bénévoles de Rock’in Villages. Les profits réalisés à la buvette financeront la prochaine édition, qui se tiendra dans une commune voisine. Vu les files d’attente devant les pompes à bière, l’association devrait avoir de quoi voir encore plus grand pour l’année prochaine pour le plus grandiloquent groupe de rock du Ternois !