Un jeune migrant sauvé par les échecs : la belle histoire présentée par Pef au Régency

« Les noirs n’ont quasiment aucune chance de gagner, même avec la qualité », énonce Gérard Depardieu, en professeur bourru. Valable de tous temps aux échecs, cette leçon semble aussi s’appliquer à notre société, comme en témoigne l’histoire de Fahim Mohammad. A huit ans, ce jeune Bangladais débarquait en France avec son père et il ne doit sa régularisation qu’à son titre de champion de France d’échecs acquis en 2012. A l’époque, l’histoire fut largement médiatisée et racontée dans un livre, propulsant Fahim sur les plateaux de télévision et jusque dans les salles de cinéma aujourd’hui. Dans celle du Régency, en attendant l’équipe du film Fahim, les spectateurs ont découvert l’interview de ce petit génie sur le plateau d’On n’est pas couché, datant de 2014. Un choix des plus judicieux, même s’il divulgâche quelque peu l’histoire : « C’est justement en voyant cette interview que j’ai eu l’idée de ce film, avouait le comédien et réalisateur Pierre-François Martin-Laval. Quand j’ai entendu Fahim raconter sa vie, j’ai eu envie de lire son livre, où tout est expliqué très simplement. Quand je vois un marchand de roses à la sortie d’un restaurant, je m’en fous de ses roses, mais derrière, il y a peut-être un drame comme celui de Fahim, avec des personnes qui ont fui la guerre ou d’autres dangers de mort. Je me suis demandé comment je pouvais les aider, alors j’ai fait ce film. » Tiré à quatre épingles, le réalisateur a bien changé depuis le déjanté Pouf le Cascadeur, mais l’humour transpire toujours dans les propos et les œuvres de cet ancien des Robins des Bois.

« Voir Depardieu jouer, c’est incroyable, on peut mourir tranquille après ça »

L’histoire de Fahim est belle, dramatique, mais aussi drôle lorsqu’elle est racontée par Pierre-François Martin-Laval. S’il reste sérieux lorsqu’il répond aux questions du directeur du Régency, il ne manque pas une occasion de faire le pitre, notamment en interviewant son comparse, Mizanur Rahaman, qui campe le père du prodige. Tout comme son personnage, l’acteur ne maîtrise pas encore le français et il n’avait même jamais envisagé de figurer dans un film : « J’étais cuisinier et j’ai été interpellé dans la rue alors que je rentrais chez moi. J’ai dû me laisser pousser la moustache pour le rôle, je ne savais pas si ma femme allait apprécier, mais c’est bien passé », rigole l’acteur qui, en total amateur, s’est retrouvé face au monstre de cinéma qu’est Gérard Depardieu. « Voir Depardieu jouer devant soi, c’est incroyable, on peut mourir tranquille après ça, reconnaît Pef. Mais voir naître un acteur, c’est tout aussi impressionnant. » Comme son personnage, le jeune Assad Ahmed, qui incarne Fahim, n’était arrivé en France que depuis quelques mois et a rapidement appris le français. Pour préparer le film, il s’est plongé dans les échecs et les a même enseignés à Gérard Depardieu – qui incarne pourtant son professeur. L’histoire est presque trop belle pour être vraie, pourtant il est difficile de distinguer la réalité de la fiction : même l’intervention du Premier ministre d’alors est authentique. Le jeune Bangladais aurait d’ailleurs pu donner quelques conseils à François Fillon, ce qui aurait évité à ce dernier une erreur de débutant : tout perdre en essayant à tout prix de protéger sa dame.

Fahim, de Pierre-François Martin-Laval, avec Ahmed Assad, Gérard Depardieu, Isabelle Nanty, Mizanur Rahaman. Sortie le 16 octobre 2019.

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