Un appel d’offres pour installer le futur siège de TernoisCom dans la zone d’Herlin

Après Leclerc, Gamm Vert, Norauto, Kandy et Dya, l’enseigne de TernoisCom pourrait venir garnir la zone d’Herlin-le-Sec. Ce qui n’était qu’une rumeur persistante est aujourd’hui un projet qui a fait l’objet d’un appel d’offres cet été, mais le lieu d’implantation du futur siège n’a jamais été discuté en conseil communautaire selon le maire de Saint-Pol, Maurice Louf : « En simple conseiller communautaire que je suis, je ne suis au courant de rien. Je connais ce projet d’implantation à Herlin d’après les rumeurs et ce qu’on a pu me rapporter du bureau de TernoisCom, mais rien d’officiel. J’ai découvert l’appel d’offres cet été dans la Voix du Nord. » Maurice Louf s’en est étonné dans un courrier au président de la communauté de communes, Marc Bridoux, déplorant de devoir « glaner » des informations sur le sujet : « Je me suis inquiété lorsque j’ai appris que la question avait été évoquée en bureau, avec l’objectif de regrouper les services en un seul lieu. Le président m’a répondu qu’il avait l’intention de créer une maison des services publics incluant l’hôtel communautaire et que le lieu d’implantation était à l’étude afin de trouver la solution la plus économique et la plus fonctionnelle. »

« Si un appel d’offres a été lancé, c’est que le projet est déjà ficelé »

Marc Bridoux nous a confirmé qu’un projet porte sur une implantation à Herlin-le-Sec : « Ce n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Je ne souhaite pas communiquer sur le sujet. Je le ferai auprès du conseil communautaire. » Selon le président, l’appel d’offres de cet été ne viserait qu’à alimenter la réflexion. « Si un appel d’offres a été lancé, c’est que le projet est déjà ficelé et qu’un architecte a travaillé sur les plans. On élabore un projet en fonction de son lieu d’implantation et je pense que celui-là a été pensé pour la zone d’Herlin-le-Sec. Si ça ne se fait pas là finalement, il faudra sans doute revoir le projet et donc relancer un appel d’offres. » D’autant que celui-ci implique précisément les parcelles visées dans la zone d’Herlin-le-Sec et demande aux candidats de se rendre sur place et de joindre des photographies à leur dossier. « C’est étonnant, cet appel d’offres. Ça a un coût, même si ce ne sont pas des sommes énormes, et ça veut dire que des gens ont travaillé sur le sujet. On a voté sur une ligne budgétaire, mais pas sur un projet. Des explications seront demandées lors du conseil communautaire », annonce Philippe Armand. Le maire d’Herlincourt a découvert officiellement le sujet au mois de juin, en réunion de la commission économique de TernoisCom : « On parlait des projets de la zone d’Herlin et le sujet de l’hôtel communautaire est venu sur la table. Nous avons voté une ligne budgétaire, mais la localisation n’a jamais été débattue. Ce n’est pas parce qu’on a prévu un budget que le projet est lancé. Nous devons réfléchir ensemble, c’est un dossier communautaire et les élus doivent pouvoir se pencher sur le sujet. »

« Installer l’hôtel communautaire sur la zone d’Herlin, c’est une hérésie complète ! »

Au-delà de la forme, le fond du projet irrite également Philippe Armand : « Installer l’hôtel communautaire sur la zone d’Herlin-le-Sec, c’est une hérésie complète ! Sur l’aspect environnemental, ça va à l’encontre des préconisations gouvernementales pour lutter contre l’artificialisation des sols. Souvenez-vous des orages du mois de mai : si on n’avait pas bétonné la zone, moins d’eau serait arrivée dans les villages. En tant qu’aménageur, on est aussi responsable. Quand on a discuté du SCOT – Schéma de cohérence territoriale – on avait pointé qu’il fallait arrêter de faire des zones autour des villes. » Installer une maison des services publics en-dehors de la ville pose également la question de l’accessibilité : sans voiture, difficile d’y accéder et les piétons venant de Saint-Pol doivent traverser deux accès à la rocade sans le moindre passage clouté. « En installant le siège de TernoisCom à Herlin, on organiserait des circulations supplémentaires en dehors de Saint-Pol. Les agents doivent prendre une voiture, ils ne pourront plus venir en train. Un hôtel communautaire près de la gare, en revanche, ce ne serait pas bête », remarque Philippe Armand. Cette possibilité a été envisagée sur l’ancien site de l’entreprise Duffroy, rue des Fonds-Viviers, qui appartient désormais à TernoisCom : « D’après ce qu’on m’a dit, ce projet aurait été abandonné à cause de l’opposition de l’architecte des bâtiments de France, mais je n’en sais pas plus », confesse Maurice Louf.

« Pour l’accessibilité, on nous répond que Leclerc va mettre en place une navette »

Le maire de Saint-Pol partage les inquiétudes de son homologue d’Herlincourt, notamment sur le commerce local : « Installer l’hôtel communautaire à Herlin, ce serait fusiller le commerce de Saint-Pol. Les agents y font leurs courses, se restaurent, vont boire un verre. Les villes moyennes travaillent au contraire à densifier leurs centres-villes. On a vu le résultat de la Porte Nord à Bruay, on va avoir la Porte Sud à Saint-Pol. » Même analyse pour le maire de la ville : « On a dix ans de retard ! On regarde avec envie la Porte Nord de Bruay alors que partout ailleurs, ce modèle est remis en question. Nous devons travailler à redonner vie aux centres-villes plutôt que de prendre des terres agricoles pour faire des parkings. Une grande réflexion porte sur la mobilité aujourd’hui, face à la hausse du carburant et aux questions environnementales. Est-ce que la voiture est vraiment l’avenir de l’Homme ? Si on veut un lieu qui ne soit pas qu’au service des élus mais surtout au service du public, est-ce pertinent de l’installer en dehors de la ville ? Il ne s’agit pas de tout mettre en centre-ville, mais on peut s’interroger sur la localisation des services publics par rapport aux logements et à l’accessibilité. Quand on pose la question de l’accessibilité, on nous répond que Leclerc va mettre en place une navette. Tout cela demande à être discuté. » Le maire de Saint-Pol s’interroge même sur la pertinence de regrouper tous les services en un seul lieu à l’heure de la dématérialisation et alors que de grands bâtiments vides attendent une nouvelle vocation : « Je n’ai rien contre la zone d’Herlin, précise Maurice Louf, mais on doit s’interroger sur l’avenir des centres-villes. Que va-t-on faire de tous ces bâtiments ? » Autant de questions que les deux élus comptent soulever lors du prochain conseil communautaire, même si tous deux ont appris que le projet d’hôtel communautaire et sa localisation seraient actuellement très discutés en haut lieu : « Les choses vont très vite en ce moment, ça part dans tous les sens, confie Philippe Armand. Nous devons réfléchir ensemble sur ce projet. Je suis content que le sujet vienne enfin sur la table et que nous puissions en débattre en conseil communautaire. » Le sujet n’est pas inscrit à l’ordre du jour de la réunion de ce mercredi 17 octobre mais mérite bien quelques explications.

Après moult sollicitations, le président de TernoisCom, Marc Bridoux, n’a pas souhaité nous en dire plus que les quelques mots ici rapportés.

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